Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

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Afrique de l'Ouest 1988-1989

Juin 1988. Depuis plusieurs mois déjà, Rémi prépare un périple en Afrique de l'Ouest en side-car. Réfection du moteur de la moto (une Moto Guzzi 1000 SP), démarchage de sponsors... les choses ont bien avancé. Aussi, dès la fin de mes examens (je suis alors en deuxième année de MIAGE) je le rejoins à Annecy.
Bivouac au milieu du Sahara Mi-août, c'est le départ. L'attelage est impressionnant. En fait, nous voyagerons tous les deux sur la moto. À notre droite, sur le châssis du side-car, il y a désormais une malle métallique contenant tous nos bagages. À l'arrière, trois jerricans de vingt litres : deux d'essence et un d'eau. Sur le dessus, une roue de secours. À l'avant, un pneu de secours qui pourra également faire office de pare-choc.
Nous prévoyons de parcourir environ 30.000 km en six mois : je dois en effet être de retour le 1er février pour travailler à Lausanne dans une société de services informatique. Au programme, grosso modo toute l'Afrique de l'Ouest, avec deux temps forts : la traversée du Sahara et le delta intérieur du Niger, au Mali, où Rémi a travaillé deux ans pour une ONG.

Le Maroc nous retient déjà plus d'un mois. Les parents de Rémi y sont nés tous les deux, Rémi y est déjà venu plusieurs fois avec eux dans son enfance et il a des gens à voir. Sans parler des paysages, magnifiques et variés. Et de nos premières déconvenues liées au tourisme de masse. C'est en effet lors d'un bivouac aux portes de Marrakech que je me fais voler ma seule et unique paire de chaussures (je crois que je n'oublierai jamais le regard du vendeur me voyant entrer pieds nus dans son magasin !), là aussi que nous nous ferons traiter de racistes pour avoir refusé les services de prétendus guides...
Vient ensuite l'Algérie. Pays immense et magique, où l'accueil des habitants nous laissera plus d'une fois sans voix. À El Goléa, c'est le directeur d'une imprimerie qui nous prend sous son aile, le temps de faire réparer l'amortisseur du side-car qui a cassé. À Ghardaïa, un jeune professeur qui nous offre de loger dans la maison d'été de ses parents, au coeur de la palmeraie, parce qu'il est impensable pour lui de nous laisser camper...
Ensuite, c'est la piste vers Tamanrasset. Et vers le Niger. La traversée d'un océan de sable, dans lequel le side-car joue le rôle d'une ancre qui ne pense qu'à clouer la moto au sol. Malgré la plaque de désensablage récemment achetée, nous établissons un record d'anthologie : trois heures pour parcourir cinquante mètres. Au soleil de midi. Le genre d'expérience qui peut faire exploser une équipe... ou souder un couple pour la vie !
À Arlit, première ville du Niger, je découvre l'Afrique noire. Sa pauvreté, ses couleurs, le rire de ses enfants qui n'en reviennent pas de voir une moto "avec une charrette"... Une grande claque et une révélation.
Par le Burkina Faso, nous rejoignons ensuite le Togo. À Lomé, nous retrouvons Zassor, un Togolais rencontré dans le désert, au volant d'un bus qu'il descendait du Danemark pour son entreprise de transport. C'est chez lui, entre deux visites au marché des Mama Benz, que j'apprends la mort, dix jours plus tôt, de mon père.
Longeant la côte atlantique, nous traversons le Ghana (unique pays anglophone de ce périple) puis la Côte d'Ivoire. Mais malgré deux tentatives, nous ne réussissons pas à obtenir de visa pour la Guinée. Nous choisissons alors de remonter vers le Nord, direction le Mali. Là, c'est par bateau que nous rejoignons le petit village du delta intérieur du Niger où Rémi a travaillé deux ans quelques années auparavant. L'émotion est intense. La déception aussi : il ne reste plus rien de ce qu'il avait alors contribué à construire...
De retour à Bamako, nous continuons vers le Nord et rejoignons, par une minuscule piste, l'extrême Sud-Est de la Mauritanie. Une route flambant neuve y tire son trait noir tout droit entre les dunes. Une route qui sert accessoirement de piste d'atterrissage à de petits avions ! C'est là, dans ce nulle part improbable, qu'une famille de bédouins nous offre le lait de chamelle, un soir, au bivouac...
À Nouakchott, nous retrouvons l'Atlantique et prenons la direction du Sénégal. Où nous devons nous résoudre à renvoyer le side-car en France par bateau : nous n'avons plus le temps de rentrer, comme prévu, par la route.
C'est donc en avion que nous rejoignons le Maroc (où nous avions laissé une partie de notre équipement) puis en train que nous retrouvons l'Europe, tellement triste et froide en ce mois de janvier... Mais le plus pénible reste à venir : lorsque nous récupérons le side-car, à Bordeaux, nous constatons que la malle a été pillée. Tous nos souvenirs sont envolés. L'outillage et la guerba (outre en peau de chèvre) aussi.
Un petit miracle nous attend tout de même : nos pellicules photo exposées sont toutes là !