Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
     Le véhicule
     Le parcours
     Carnets de route
        Le 02/11/2002
        Le 23/11/2002
        Le 23/12/2002
        Le 30/01/2003
        Le 05/03/2003
        Le 31/03/2003
        Le 28/04/2003
        Le 05/06/2003
        Le 09/07/2003
        Le 06/08/2003
        Le 26/08/2003
        Le 02/10/2003
        Le 07/11/2003
        Le 09/12/2003
        Le 02/01/2004
        Le 02/02/2004
        Le 02/03/2004
        Le 02/04/2004
        Le 02/05/2004
        Le 02/06/2004
        Le 30/06/2004
        Le 12/08/2004
     Arrêts sur image
     Infos pratiques
     Bilan en chiffres
 Amériques 1992-1994
 Afrique de l'Ouest 1990
 Afrique de l'Ouest 1988

Fenêtre sur les Andes (Argentine)

Compteur visiteurs

 
Le 9 juillet 2003, de Potosi (Bolivie)
 

Bonjour tout le monde

LA CARTE

Nous vous avions quittés à Salta, avec la nouvelle du retour rapide de notre colis voyageur en France. Depuis, notre bonne étoile a continué à veiller sur nous (bien aidée, il faut le dire, par nos amis Bruno et Thierry !) et c'est donc depuis notre nouvel ordinateur portable que je peux écrire ces lignes. Mais reprenons les choses dans l'ordre...
Au Tropique du Capricorne A Salta, nous avons passé quelques jours. Le temps de lire toutes les BD de l'Alliance Française, de remplacer les amortisseurs arrière du fourgon qui commençaient à fuir, de faire enfin réparer notre inverter (celui acheté en Allemagne, car celui trouvé en Argentine, mais made in China, n'a fonctionné qu'une seule fois) et de se balader un peu. Le jour de notre départ, le temps était couvert. Du coup, nous n'avons rien vu du paysage entre Salta et Jujuy. Nous avions pris l'ancienne route, celle qui virevolte dans la montagne : tout le monde nous avait dit que le décor valait le détour. Mais là, à part le brouillard, il n'y avait pas grand-chose à voir. Dommage...
A Jujuy, nous avons essayé de rencontrer la responsable de la mission MSF, mais impossible de l'attraper : elle était en déplacement sur le terrain pour une durée indéterminée. Nous avons donc quitté la ville (particulièrement vide en week-end... et particulièrement triste sous la pluie !) pour aller prendre un bain chaud un peu plus haut dans la montagne. L'eau était à 45°C et on en a bien profité. Par contre, la douche en plein air a été plus difficile, surtout pour les enfants : il ne faisait que 6°C à l'extérieur ! Mais il y avait besoin d'un shampoing, alors il a bien fallu faire avec.
En quittant Jujuy vers le nord, nous avons très vite retrouvé le soleil : c'est juste une question d'altitude et comme on commence à aborder l'Altiplano, elle monte très vite. Au niveau du Tropique du Capricorne, nous nous sommes d'abord arrêtés juste pour goûter. Et puis Rémi s'est lancé dans une séance de bricolage. Il faut dire que l'ampèremètre affichait n'importe quoi, passant sans raison apparente d'une consommation de 15 A à 0, puis à une indication de charge de 2 ou 3 A et ainsi de suite. Finalement, nous avons passé la nuit sur place, après avoir dîné dehors, à la lumière de la lune. Au menu : poulet grillé sur feu de bois et pommes de terre à la braise. Et puis nous avons aussi essayé de faire griller du fromage de chèvre et avec les pommes de terre, ça s'est avéré délicieux. En tout cas, ça nous a bien rappelé la raclette. Une seule fausse note au tableau : un chien qui est venu nous voler un morceau de poulet.
Tunnel Le lendemain, nous avons vu nos premiers troupeaux de lamas. Nous avons aussi commencé à avoir des problèmes pour démarrer. A froid, il fallait tirer sur le démarreur. A chaud, le moteur ne voulait rien savoir. Ce qui ne nous a tout de même pas empêchés de rejoindre La Quiaca, tout au nord de l'Argentine, à la frontière bolivienne. La ville est déjà à plus de 3.000 m ; on a donc retrouvé le froid : -3°C dehors au petit matin. On apprécie le fait qu'il y ait du soleil dans la journée !
Là, on a eu tellement de mal à démarrer qu'on n'a pas coupé le moteur tout le temps qu'ont duré les formalités de passage en Bolivie, soit près d'une heure et demie. Pourtant, pas de problème particulier. Personne n'est même venu voir le fourgon. Mais il faut le temps que les papiers se remplissent... Alors pendant que Rémi s'affairait dans les bureaux, les enfants et moi avons observé l'activité autour de nous. Il y a un trafic incroyable entre les deux pays... Des centaines de Boliviens passent la frontière à pied pour faire des courses en Argentine et revenir chargés comme des mulets. On voit des gens qui portent des casiers de bouteilles de bière... vides à l'aller, pleines au retour. D'autres ramenaient des rouleaux de câble électrique, ou des fruits, ou des bouteilles de boissons gazeuses... Des porteurs font sans arrêt l'aller-retour : on évite ainsi les problèmes que poserait le passage d'un camion chargé. Pour les enfants, il y avait de nombreuses découvertes : les costumes indigènes, les enfants cireurs de chaussures ou porteurs, les jus d'orange pressés directement dans la rue et servis dans un sac plastique... Plein de petites choses à regarder et à comprendre. Surtout pour Samuel, qui était excité comme une puce à l'idée de découvrir son pays de naissance !
Dès la sortie de Villazon (le village frontière), nous avons retrouvé la piste. Rien d'étonnant dans un pays où 5% à peine du réseau routier est goudronné. La plupart des voyageurs que nous rencontrons n'aiment pas la piste. Moi, je trouve qu'elle permet de mieux apprécier le paysage parce qu'elle nous oblige à aller moins vite. Mais c'est vrai que je ne conduis pas !
Le lendemain après-midi, nous sommes arrivés à Potosi, au pied du Cerro Rico (la montagne riche). Et ça nous a fait tout drôle de nous retrouver là 9 ans plus tard ! Après un arrêt goûter sur la place de l'église de Concepcion (où nous avions passé pas mal de temps en 93 et 94), nous avons retrouvé Lourdes (la grand-mère adoptive de Samuel !) et Juan et Teresa, qui nous hébergent depuis. Nous les avions connus étudiants ; ils sont maintenant mariés et parents d'un petit Daniel de un an et demi.
L'église San Cristobal et le Cerro Rico Avec eux, nous avons fêté l'anniversaire de Rémi et celui d'Elisa. Pour elle, nous avons sacrifié à la coutume locale : gros gâteau recouvert de crème dans lequel il faut mordre à belles dents. Inutile de dire qu'il n'y a pas eu besoin de la forcer ! Les premiers jours, l'altitude nous a un peu gênés. Elisa et moi avons eu de bons maux de tête. Rémi, lui, se réveillait la nuit avec l'impression d'étouffer. Sans parler, bien sûr, de la difficulté à grimper les rues en pente de Potosi ! Seul Samuel n'a rien ressenti de particulier, gravissant les côtes comme s'il se trouvait au niveau de la mer. Un souvenir de sa naissance ici ?
En Bolivie, en ce moment, c'est l'hiver. Le thermomètre du fourgon indique en permanence entre -5°C et -9°C toutes les nuits. Mais nous ne dormons pas à l'intérieur : nous nous sommes installés dans une chambre, chez Juan et Teresa. Et comme les maisons ne sont pas chauffées, c'est pire ! En milieu de journée, tout le monde se retrouve dans l'unique petit coin du patio qui est chauffé par le soleil. Et le soir, à l'intérieur, les doudounes sont appréciées. Bon, c'est vrai qu'à 4.000 m d'altitude, il ne faut pas demander l'impossible.
Nous sommes évidemment retournés au Molino, le petit village où Samuel est né. Ana n'y travaille plus depuis longtemps, mais l'endroit est toujours aussi beau. Sinon, nous avons aussi pris le temps de faire refaire la carte d'identité bolivienne de Samuel. Et puis, finalement, notre ordinateur portable est arrivé jusqu'à nous ! Thierry arrivait en effet en Bolivie le 18 juin. Il nous avait dit qu'il passerait quelques jours à La Paz avant de venir à Potosi. Nous lui avions donné l'adresse de Juan et Teresa. Et il est arrivé, un dimanche soir, comme le Père Noël, chargé de cadeaux... Samuel s'est tout de suite jeté sur sa nouvelle Game Boy. Un vrai drogué en manque ! Mais nous n'avons pas eu le coeur de le faire patienter jusqu'à son anniversaire. De notre côté, nous avons préféré déboucher une bouteille de champagne argentin plutôt que de brancher l'ordinateur tout de suite !
Mi-juin, il y avait encore peu de touristes. Maintenant, c'est la pleine saison et on ne peut pas faire un tour au marché sans en rencontrer quelques-uns. Il faut dire que Potosi a de quoi attirer les visiteurs. Ses innombrables églises, ses maisons coloniales aux balcons fermés, ses rues pavées étroites, son histoire... Au 17ème Siècle, Potosi était tout de même une ville plus importante que Paris ou Londres ! Et c'est ici qu'on frappait la monnaie pour le vieux continent, en utilisant l'argent extrait des mines voisines.
Aujourd'hui, il n'y a plus grand-chose dans le Cerro et si les mineurs continuent à y travailler, ils sont bien loin de faire fortune. L'argent est rarissime. On extrait le zinc, le plomb, l'étain... Les conditions de travail sont éprouvantes et le salaire obtenu peu élevé.
Palliri au travail Grâce à l'e-mail, nous avons pu retrouver à Potosi plusieurs voyageurs rencontrés plus au sud. Le premier à nous rejoindre a été Randall, un Américain qui voyage en vélo et que nous avions croisé pour la dernière fois à Punta Arenas. Depuis notre retour en Argentine, il nous précédait. Pas de beaucoup, mais il allait quand même plus vite que nous ! Là, nous sommes arrivés avant lui parce que nous avons pris un chemin plus court depuis la frontière. Il a passé une journée avec nous, chez Juan et Teresa. Avec eux, nous parlons bien sûr espagnol. Avec les enfants : français. Et avec Randall, anglais, car il ne maîtrise pas bien l'espagnol. Ce n'est pas forcément évident de jongler ainsi entre trois langues !
Après, nous sommes partis quelques jours à Sucre. Pour visiter un peu, avec Juan et Teresa, mais aussi pour nous réchauffer : Sucre n'est qu'à 2.800 m d'altitude et il y fait nettement moins froid. Pour la première fois depuis notre arrivée en Bolivie, nous avons pu sortir en tee-shirt. Nous avons aussi retrouvé Thierry et fait la connaissance de David et Florence, deux Français installés à Sucre depuis 5 ans. David est médecin et travaille à mi-temps pour Médecins Du Monde sur un projet qui concerne les enfants travailleurs. Le reste du temps, il organise les soins de santé primaire dans une communauté à la campagne. Florence s'est investie elle-aussi dans la communauté pour aider les femmes à s'organiser et à produire un artisanat de meilleure qualité. Ils ont 3 enfants et s'autofinancent en grande partie grâce à une chaîne d'entraide en France. Nous avons passé une bonne soirée ensemble autour de quelques bonnes bouteilles.
Comme à Potosi il n'y a pas de garage spécialisé dans le diesel, nous avons profité de notre passage à Sucre (capitale officielle de la Bolivie) pour faire régler notre moteur. Rémi avait pu résoudre les problèmes de démarrage en démontant complètement et en nettoyant le démarreur (il était plein de saleté), mais il restait le problème de la fumée noire et du manque de puissance. Aujourd'hui, tout cela est résolu, ou presque. Le fourgon fume toujours un peu, mais on le sent beaucoup plus à l'aise. Par contre, il a fallu passer plus de deux jours dans le garage !
Par hasard, dans la rue, nous avons retrouvé Peter et Florian dans leur LT40. Du coup, ils sont venus dormir avec nous dans le garage et nous sommes rentrés ensemble à Potosi. Avec eux aussi, nous avons ouvert une bouteille de champagne : après les avoir traités de tous les noms pour avoir quitté l'Allemagne plus tôt que nous le pensions, nous leur devions bien ça...
De retour à Potosi, nous avons fait la connaissance de Juan et Aude. Ils sont français, photographes, et voyagent en Nissan Patrol. Ils arrivent du Brésil, où ils ont croisé Jean-Claude et Cécile, nos Bordelais de Patagonie... qui nous avaient donné leur adresse e-mail ! Ces derniers jours ont donc encore été très animés. Et nous nous sommes retrouvés plus d'une fois au restaurant à 8 ou 10.
Mineur préparant la dynamite Vendredi matin, avec Juan, Aude, Peter et Florian, nous sommes allés visiter une mine. Nous sommes tous montés dans le LT avec la guide, et en route. Bon, ce ne sont pas les conditions idéales, ça fait vraiment troupeau. D'autant plus que des touristes qui veulent visiter les mines, il y en a... Mais bon, comme il y avait une bonne ambiance dans le groupe, tout s'est bien passé. Les enfants ont adoré se "déguiser" en mineur (bottes en caoutchouc, ciré jaune, casque de chantier et lampe frontale) et crapahuter sous terre. Ils ont aussi été très impressionnés par les explosions de dynamite.
Au total, nous avons rencontré une demi-douzaine de mineurs. Plus des "palliris", les femmes qui cherchent dans les tas de déchets les petits morceaux de minerai qui ont été oubliés par les hommes. En règle générale, ils ne sont pas causants. Ils n'ouvrent guère la bouche que pour demander qu'on leur offre de la coca, des cigarettes, de la dynamite, des détonateurs... Toutes choses que la guide nous avait fortement incités à acheter avant, sur le marché des mineurs. Dans des boutiques où les prix avaient été plus que doublés pour l'occasion ! C'est fatigant de s'entendre réclamer comme ça, toutes les 5 minutes. Le dernier que nous avons vu a même refusé la coca que je lui proposais parce qu'il n'y en avait pas assez... (Voir aussi notre Arrêt sur image : Pulacayo, village-fantôme).
Demain, nous quittons Potosi en direction d'Uyuni pour revoir le salar avant de continuer sur La Paz où nous allons de nouveau faire une pause. Les prochaines nouvelles proviendront donc certainement encore de Bolivie !
Grosses bises à tous. Et profitez bien de l'été en Europe !

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

Carnets de route    Le 05/06/2003    Le 06/08/2003