Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
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Fenêtre sur les Andes (Argentine)

Compteur visiteurs

 
Le 2 juin 2004, de Gualeguaychú (Argentine)
 

Bonjour tout le monde

LA CARTE

Eh bien, voilà : la boucle est presque bouclée. Nous ne sommes plus qu'à 200 km de Buenos Aires, là où notre périple en Amérique du Sud avait commencé en octobre 2002. Il n'y a plus maintenant qu'à attendre l'arrivée du Grande Francia, le cargo Grimaldi qui va nous ramener sur le vieux continent.
Le mois dernier, c'est sous la pluie que nous avons visité (en bus) la centrale hydroélectrique d'Itaipu. Elle s'enorgueillit d'être la plus grande du monde (jusqu'à quand ?) et c'est vrai que les installations sont gigantesques. Il n'y a pas moins de 18 turbines (alimentées par des tubes d'arrivée d'eau de dix mètres de diamètre), chacune étant capable de délivrer 715 MW. Et comme ce n'était pas suffisant, deux nouvelles sont en cours d'installation.
Arbre dans le sud du Brésil Ensuite, après un passage de frontière express, nous sommes revenus au Brésil pour aller voir les chutes d'Iguaçú. En 1993, nous avions passé quatre jours sur place, côté argentin, et nous nous faisions une joie d'y retourner. Les enfants, eux, ne se sont pas montrés passionnés... La horde de coatis qui s'est précipitée sur nous à la descente du bus (on n'entre pas dans le parc avec son véhicule) les a enchantés, mais la vue des chutes ne leur a arraché qu'un "ah bon, c'est ça ?" blasé. Nous avions peut-être été trop enthousiastes en leur en parlant... Bon, le passage à la Garganta del Diablo, dont nous sommes revenus trempés, les a quand même déridés, mais au bout de deux heures ils en avaient marre. Qu'est-ce que ça allait être côté argentin ? Là, il y en a pour la journée à tout découvrir...
Le lendemain, nouveau passage de frontière et retour en Argentine. Partis pour admirer l'autre côté des chutes, nous avons finalement fait demi-tour, repoussés par les tarifs. Le ticket d'entrée n'est déjà pas donné pour les Argentins par rapport au coût de la vie, mais pour les étrangers il s'élève au double. Par principe, nous n'aimons pas être pris pour des vaches à lait... Nous avons donc boycotté le parc argentin. Ironie du sort, quelques jours plus tard, un incident sur notre carte-mémoire devait nous priver de toutes nos photos numériques des chutes...
Nous voulions ensuite visiter les ruines jésuites de la province de Misiones. Mais là encore, nous avons finalement changé nos plans. Un coup de fil au Brésil nous ayant appris que notre ami camionneur Adalberto (rencontré sur la barge, entre Manaus et Porto Velho) se trouvait chez lui ce week-end là, nous avons obliqué vers l'est pour rejoindre l'état brésilien de Santa Catarina. Entre sa compagnie et celle de vieilles pierres, nous n'avons pas hésité : les contacts humains d'abord !
Dans cette région, l'Argentine est étonnamment semblable à Chiloé. Mêmes collines, même verdure omniprésente, même froid humide... Ici aussi, les maisons sont en bois, on circule à cheval et les boeufs sont toujours attelés à leur joug. Certains arbres, pourtant, n'ont rien à voir avec la végétation chilote : en haut d'un tronc tout droit, un bouquet de branches part en corolle, leur donnant l'allure de brocolis géants. Du ciel, on ne doit voir qu'une sorte de paillasson tout plat.
Vingt-quatre heures plus tard, nous voilà donc de retour au Brésil. La frontière est sur une colline. Dès que nous l'avons passée, nous nous retrouvons dans le brouillard. La fraîcheur nous tombe dessus. Les tongs sont remisées et les duvets reprennent définitivement du service. Nous sommes bel et bien en automne.
Port de pêche à Río Grande (Brésil) A Concórdia, nous découvrons qu'Adalberto a choisi de changer de métier. Il y a deux mois, il a vendu son camion. Désormais, il va s'adonner au commerce de voitures d'occasion. Il a aussi déménagé. Exit la maison perchée sur les hauteurs (la ville s'étale dans une petite vallée coincée entre des collines) : il vient d'emménager dans un appartement d'un immeuble de haut standing sur la rue principale. Haut standing local, car les finitions sont loin d'être parfaites et il n'y a même pas de chauffage dans l'immeuble. Mais les prix sont en conséquence : un T4 avec deux salles de bain ne coûte que 30.000 €.
Si nous sommes tous heureux de le retrouver, nous nous sentirons très vite mal à l'aise chez lui. Sa femme, très distante, nous donne l'impression de tout juste nous tolérer. Manifestement très fière de son intérieur chic, elle ne supporte pas la moindre trace de doigts sur la table du salon. A tel point qu'Elisa devra aller dessiner sur la table de la cuisine... Adalberto nous avait habitués à des relations beaucoup moins formelles.
Déjà pressés de repartir, nous faisons alors la connaissance d'Ademir, un ami d'Adalberto. Avec sa femme Clarice et ses trois grands enfants (l'aîné a 27 ans, la plus jeune 13) il forme une famille beaucoup plus chaleureuse qui nous adopte tout de suite.
- Venez à la maison ! On va manger du poisson.
Pour assurer le repas, Rémi part à la pêche avec Adalberto et Mauro, l'un des garçons. Ils vont dans un "pesque pague" (pêchez, payez) : un lieu où plusieurs petits plans d'eau sont mis à la disposition des pêcheurs. Chacun contient une seule sorte de poisson. On choisit donc l'endroit où l'on pêche selon le poisson qu'on veut manger ! Et on paye le poisson pêché au poids. Clarice, prudente, décide de préparer quand même autre chose (un délicieux "poulet crémeux") mais les pêcheurs ne reviendront pas bredouilles.
Finalement installés chez Ademir, nous passerons quelques jours de plus à Concórdia. Bientôt, il semble que toute la ville nous connaît. Même si nous n'arrivons pas à comprendre pourquoi, notre fourgon attire tous les regards et plus d'un voisin passera à la maison, juste pour savoir d'où il vient ! Ravi d'être ainsi le centre d'intérêt du quartier, Ademir ne se fait pas prier pour tout raconter à notre place, décrivant par le menu tout ce qu'il a vu dans notre véhicule.
Port de Piriápolis Enfin, nous nous arrachons à cette petite ville bien sympathique et reprenons la route vers le sud. Nous voilà dans le Río Grande do Sul, le dernier état brésilien que nous allons traverser. Nous retrouvons les bivouacs dans les stations-services et les douches (chaudes désormais). Cette région ressemble beaucoup à l'Europe. Forêts de résineux, grands champs cultivés : nous ne sommes pas dépaysés. D'ailleurs, la plupart de la population est d'origine européenne et beaucoup de gens ont une double nationalité. Seul le "chimarrão", comme s'appelle la yerba mate ici, est 100 % brésilien ! (voir notre Arrêt sur image : au pays de la "yerba mate")
La pluie et le froid nous accompagnent presque tout le long de notre traversée de l'état, jusqu'au bord de l'Océan Atlantique. Un vrai temps d'automne, décidément... Enfin, à Río Grande, c'est sous le soleil que nous pouvons nous promener dans le vieux port. C'est aussi là que nous apprenons que le cargo sur lequel nous devions embarquer aux alentours du 8 juin à Buenos Aires a pris une semaine de retard. Nous voilà quittes pour prendre le chemin des écoliers.
Le 17 mai, nous entrons en Uruguay. Ce sera le dernier pays de notre périple. Le onzième si l'on prend en compte la Guyane française. La frontière passe au milieu d'une ville qui s'appelle Chuí au Brésil et Chuy en Uruguay. L'Avenue Internationale marque la limite entre les deux. Les maisons de change y sont nombreuses. Pour les formalités d'entrée en Uruguay, il faut continuer deux kilomètres après la ville. Celles de sortie du Brésil ont été faites, elles, deux kilomètres avant. Encore une fois, tout se fait très simplement. La brigade sanitaire qui vérifie dans tous les véhicules qu'il n'y a ni viande, ni produits laitiers, ni fruits et légumes ne jette pas le moindre regard dans le fourgon.
Au premier kiosque d'information touristique, on nous fournit abondamment en dépliants de toutes sortes. A cette saison, il n'y a pratiquement aucun touriste : l'employé est tout content d'avoir de la visite !
La plupart des villages du bord de mer vivent du tourisme, même si ce sont à l'origine des villages de pêcheurs. Et cela se voit ! Des constructions de toutes sortes ont colonisé la côte de manière totalement anarchique. Hors-saison, il n'y a personne et les rues désertes balayées par le vent ont quelque chose de sinistre. Heureusement, cette fois, le soleil est de retour. Il ne fait pas assez chaud pour se baigner, mais pour ramasser des coquillages ou faire des châteaux de sable, il n'y a pas de problème.
Elisa avec une jeune otarie La Pedrera fait un peu exception à la règle. Elle est devenue station balnéaire à la fin du 19ème Siècle. Les choses se sont donc faites doucement et gardent une certaine unité. Il y a même une petite église. Et puis le site est particulièrement beau avec sa falaise qui surplombe la mer. Tout le long, des bancs tournés vers l'océan invitent à la contemplation. En bas, des rochers déchiquetés sont battus par les vagues. De chaque côté, une immense plage de sable fin s'étire en arc de cercle. S'il faisait moins froid, je pourrais y passer des heures.
Samuel et Elisa sont ravis : ils viennent de boucler la dernière évaluation pour le CNED. Pour nous, l'année scolaire est terminée. Et je ne sais pas qui, des enfants ou des parents, en est le plus heureux ! Seul problème : alors que nous avons trois semaines pour parcourir les quelques centaines de kilomètres qui nous séparent de Buenos Aires, nous n'avons même plus l'école pour nous occuper... Il va falloir apprendre à ne rien faire. C'est d'autant plus énervant que le retard du bateau va nous obliger à mettre les bouchées doubles en arrivant en France. Sans compter le mariage d'une de mes nièces que nous risquons fort de rater...
A Punta del Este, nous nous installons près du port de plaisance pour dormir. C'est le privilège du touriste qui vient hors-saison : il peut profiter le plus tranquillement du monde des lieux qui, en été, sont bondés. Juste à côté, dans le petit port de pêche, les phoques se disputent les restes de poisson avec les mouettes. Toute la famille se régale à les observer.
Abandonnant l'océan, nous longeons maintenant les rives de l'énorme Río de la Plata. Il y a moins de vent, moins de vagues et le port de Piriápolis est particulièrement bien abrité. Plusieurs voiliers de voyageurs y sont amarrés. Il y a même des Français ! Lorsque nous arrivons, l'un d'eux, qui se trouvait au chantier, est remis à l'eau. C'est l'occasion de faire connaissance.
Nous passerons deux jours sur place. Piriápolis est une petite ville agréable qui ne manque pas d'attraits. Et si les parents se satisfont de parcourir la marina en tous sens, les enfants, eux, se régalent à la visite du zoo. Relativement petit, il ne regroupe que des espèces locales, mais la présentation originale (sous forme de labyrinthes) maintient en éveil l'intérêt des visiteurs. Et puis il y a les terrariums avec les serpents... Samuel refusera de partir tant que nous ne les aurons pas tous pris en photo.
A quelques kilomètres de là, il y a aussi une association qui recueille les animaux marins blessés ou malades et les garde le temps nécessaire à leur guérison. Ils sont peu nombreux, mais les enfants sont quand même enchantés par la visite : c'est la première fois qu'ils peuvent nourrir un phoque ou des manchots ou voir une otarie leur monter sur les genoux !
A Montevideo, nous ne nous sommes pas attardés. Pourtant, il aurait sûrement été bien agréable de flâner dans les vieilles rues. Mais il faisait tellement mauvais que ce n'était même pas la peine d'y penser ! Du coup, nous avons continué à longer la côte...
Côté nourriture, on voit bien qu'une grosse proportion d'Uruguayens sont d'origine italienne, car les pâtes tiennent le haut du pavé. Les fabriques de pâtes fraîches sont nombreuses : on en trouve dans toutes les petites villes. Nous voilà abonnés aux raviolis par centaines.
Vieille voiture à Colonia del Sacramento Colonia del Sacramento a quelque chose de bien particulier : elle a été fondée en 1680 par les Portugais. Les Espagnols l'ont bien évidemment conquise par la suite, mais tout n'a pas été détruit. Aujourd'hui encore, le quartier historique a gardé son charme, avec ses vieilles rues pavées qui servent de décor idéal aux multiples vieilles voitures qui roulent en Uruguay. Il n'est pas rare en effet de croiser un vieux pick-up Ford ou une vieille familiale des années 40 ou 50. Pas toujours en très bon état, mais elles roulent !
Continuant nos sauts de puces le long de la côte, nous arrivons ensuite à Mercedes, sur les bords du Río Negro. Le long du fleuve, la "rambla" (la rue qui longe l'eau) est une immense avenue large de plusieurs dizaines de mètres. Le week-end, dès la fin de la matinée, toute la population semble s'y donner rendez-vous. En vélo, en scooter, en moto ou en voiture, on la parcourt à la vitesse d'un escargot. Dans un sens, puis dans l'autre. Jusqu'à plus soif. Après, on s'installe sur un banc (ou par terre, dans l'herbe) pour boire le mate. Celui-ci remplace avantageusement les canettes de bière que l'on pourrait voir ailleurs : on peut en boire des litres sans aucun risque pour sa santé !
Là, nous nous présentons chez un horloger pour faire réparer la montre de Rémi : l'un des boutons de réglage ne fonctionne plus. L'homme y passera une bonne heure mais refusera de se faire payer. C'est sa façon de nous remercier d'être venus dans son pays. Belle leçon, non ?
Enfin, c'est Fray Bentos, sur le Río Uruguay. Une petite ville tranquille qui a pourtant été mondialement connue pendant la première moitié du 20ème Siècle. C'est en effet ici que l'Allemand Liebig avait installé son usine de fabrication d'extrait de viande et de corned beef. Rachetée par les Anglais, la société connut son apogée pendant la deuxième guerre mondiale : elle nourrissait alors l'ensemble des forces alliées. Mais lorsque l'Europe se fut reconstruite, l'entreprise perdit rapidement le plus gros de ses marchés. En 1979, elle ferma définitivement. Aujourd'hui, les installations inutilisées se visitent. L'ensemble est impressionnant : 50.000 m² de constructions couvertes, une chambre froide capable de contenir 10.000 tonnes de viande avec accès direct au port pour le chargement des bateaux, un quartier entier créé par l'entreprise où l'on connut l'eau courante et l'électricité dès la fin du 19ème Siècle... On pouvait tuer jusqu'à 6.000 vaches par jour dans les immenses abattoirs, sans compter les moutons, les lapins, les poules. Il y eut jusqu'à 5.000 employés alors que la population totale de la ville ne dépassait pas les 15.000. C'est dire l'importance et le pouvoir de cette entreprise dans la région...
Par le pont international San Martín, nous entrons de nouveau en Argentine. Buenos Aires n'est plus qu'à quelques heures de route mais nous allons encore traîner un peu... En tout état de cause, les prochaines nouvelles tarderont sans doute (nous ne devrions pas arriver en France avant le 10 juillet), à moins que nous puissions descendre à terre lors d'une escale.
Grosses bises à tous, bon début de vacances et à bientôt !

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

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