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VOYAGES AU LONG COURS

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Arrêts sur image : Brasilia, la capitale sortie de nulle part

Le Brésil est un monstre dont la surface représente quelques 16 fois la France : dans sa plus grande largeur, comme dans sa plus grande hauteur, il mesure près de 5.000 km.
Statues sur la Place des Trois Pouvoirs C'est le cinquième pays du monde par sa taille, ainsi que par sa population. Celle-ci représente un mélange unique en son genre de toutes les couleurs. Mais globalement on est de plus en plus blanc au fur et à mesure qu'on descend vers le sud... et de plus en plus noir au fur et à mesure que l'on monte vers le nord. C'est aussi une population très jeune : deux tiers de moins de 30 ans.
Dès l'an 1500, les Portugais ont mis le pied dans ce pays immense. Mais pendant des siècles, seules les côtes ont été peuplées. L'intérieur, cette immensité verte ou semi-aride selon les régions, était complètement délaissé. Et l'emplacement de la capitale brésilienne (Rio de Janeiro) montrait bien que le coeur du pays se trouvait au sud.
Pourtant, des voix s'élevaient contre cet état de fait et réclamaient une capitale plus centrale. Un lieu moins éloigné des extrémités nord et ouest du pays.
Lorsque le Président Juscelino Kubitschek est élu en 1956, il fait le voeu d'être celui qui évincera Rio en tant que capitale du Brésil. Mais sa remplaçante doit être unique. Elle doit symboliser la jeunesse du pays et sa foi en l'avenir. Un grand concours est lancé : il s'agit d'inventer un nouveau concept de ville...
L'emplacement de celle-ci a été soigneusement choisi. Au coeur de l'état de Goias, à une altitude de 1.000 m, le climat est moins chaud que sur la côte. Et puis ici, c'est le sertão : une espèce de désert. Il sera facile d'y faire surgir une ville.

Un arc tendu prêt à lancer sa flèche

Au départ, celle-ci a été pensée pour accueillir un maximum de 500.000 habitants. Son plan global a la forme d'un arc tendu, prêt à tirer sa flèche. Ou la forme d'un avion. Ou encore celle d'un oiseau, selon les interprétations...
H comme humanité Si l'on s'en tient à l'image de l'arc, la corde représente une espèce de voie rapide qui permet de passer rapidement d'une extrémité de l'arc à l'autre. La flèche est l'axe central : la voie d'accès principale. En fin d'après-midi, lorsque les fonctionnaires des différents ministères fuient le centre-ville pour rentrer chez eux, la circulation sur les 12 voies se fait en sens unique : vers l'extérieur de Brasilia !
Dans le centre-ville, la flèche porte le nom d'Eixo Monumental (Axe Monumental). Et elle porte bien son nom ! Six voies dans chaque sens de circulation, un immense terre-plein central : l'avenue ne mesure pas moins de 250 m de large. A son point de jonction avec la corde de l'arc, il y a le terminal de bus qui dessert l'ensemble du pays. Plus loin, au carrefour avec l'arc proprement dit, le terminal de bus urbains. Enfin, 8 km après la corde, l'Eixo Monumental termine sa course sur la Place des Trois Pouvoirs. Là les deux immeubles les plus hauts de Brasilia (28 étages à peine) sont reliés entre eux à mi-hauteur par une passerelle et symbolisent la lettre "H" pour "humanité".
Ministères Sur la place, il n'y a personne. Juste quelques touristes armés d'appareils-photo... et autant de policiers ! C'est que Brasilia n'est pas faite pour les piétons. En tout cas, pas ici. Par contre, autour des immeubles, les parkings sont d'une taille impressionnante. L'ensemble forme un paysage très aéré et on n'a absolument pas l'impression de se trouver au coeur d'une grande ville.
En quittant la place des Trois Pouvoirs (qui abrite le congrès, la présidence et la justice), on remonte l'Eixo Monumental au travers de l'Esplanade des Ministères. Ces bâtiments, tous identiques, n'ont rien de particulièment beau ou original. La cathédrale, par contre, ne passe pas inaperçue. Ses dimensions sont pourtant bien modestes. Mais tout le reste est... différent. Sa forme : une espèce de paquet de pâtisseries serré au sommet. Son entrée : souterraine. Son intérieur : lumineux, aéré, sobre, avec trois anges en aluminium suspendus au plafond...
Le long de l'arc lui-même se trouvent les habitations. Plusieurs avenues parallèles courent le long de cet immense arc de cercle. Elles portent des noms aussi poétiques que W3 ou L2... Entre ces avenues, on a dessiné des "supercuadras". De gros pâtés de maisons devant abriter chacun un village de 3.000 habitants.
La cathédrale Des immeubles de 6 étages regroupent les habitations proprement dites. Il y en a plusieurs par supercuadra. Chacun a sa zone de stationnement et chaque petit groupe forme un cul-de-sac. La circulation est donc limitée au maximum. Mais on ne doit pas pourtant être obligé de prendre sa voiture pour la moindre course. Entre deux supercuadras, il y a donc une rue commerçante. On y trouve les services de base, notamment un petit supermarché.
Pour les achats moins courants (pièces de voitures, tissu, matériel électronique...) il y a des supercuadras spécialisés. Les pièces de voitures se trouvent ainsi regroupées dans les supercuadras 702 à 705 de l'aile nord. Nord, donc au nord de l'Eixo Monumental. Numérotation dans les 700, donc le long de la rue W3. Numérotation 2 à 5, donc proches de l'Eixo Monumental, puisque les numéros augmentent (jusqu'à 16) au fur et à mesure que l'on s'en éloigne. Une fois qu'on a compris la logique du plan de Brasilia (le Plan Pilote, comme on l'appelle) il devient très facile de s'y déplacer. Mais la voiture est indispensable.

Le futur d'il y a 40 ans

C'est en 1960 que Brasilia a officiellement remplacé Rio de Janeiro comme capitale du Brésil. A l'époque, plus d'un fonctionnaire et d'une ambassade se sont fait tirer l'oreille pour abandonner la ville du Pain de Sucre, des plages sans fin et du carnaval. Le Brésil a parfois dû menacer de rompre ses relations diplomatiques pour décider une représentation étrangère à déménager !
Brasilia Shopping En tout cas, aujourd'hui, on ne peut qu'être admiratif devant la vision de l'avenir que représente le Plan Pilote. Certes, il arrive parfois que même les plus grosses artères de la ville connaissent des problèmes de circulation. Mais dans l'ensemble celle-ci est plutôt fluide. Pourtant, prévoir dans les années 50 le trafic d'aujourd'hui n'a pas dû être une mince affaire.
C'est vrai que Brasilia est étrange. Déroutante, même, avec tous ses immeubles aux formes compliquées. D'aucuns diront qu'elle n'a pas d'âme, que seuls des passionnés d'architecture peuvent lui trouver un intérêt... C'est vrai que la ville s'apparente par endroits à une véritable exposition en plein air. Mais il n'est pas nécessaire de vouer une passion à la pierre pour lui trouver un charme. Samuel et Elisa ont tous les deux trouvé que Brasilia était une très jolie ville. Preuve que 40 ans plus tard elle peut toujours séduire la jeunesse !

Nidelbarmi, une autre idée de l'enseignement    L'école des laissés pour compte, à Alagoinhas