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Arrêts sur image : Nidelbarmi, une autre idée de l'enseignement

La Bolivie est sans doute le pays le plus pauvre de l'Amérique du Sud, bien qu'elle dispose d'un potentiel énorme. Mais toute la richesse de ce pays se trouve entre les mains d'une petite dizaine de familles. Et pour l'immense majorité des habitants il ne reste que des miettes et la survie au jour le jour.
Jeune vendeur de glaces Les campagnes se vident à une vitesse phénoménale et les alentours des grandes villes se peuplent chaque jour un peu plus. Une ville comme El Alto, sur les hauteurs de La Paz, gagne ainsi 50.000 nouveaux habitants par an. Dans un pays où la population totale ne dépasse guère les 8.500.000 personnes, c'est énorme.
Les écoles sont nombreuses, mais les enfants le sont encore plus. Alors elles fonctionnent selon trois horaires : il y a les élèves du matin, ceux de l'après-midi et ceux du soir. Ce qui n'empêche pas pour autant les classes de contenir jusqu'à 45 élèves.
Les professeurs sont mal payés et peu motivés. Leur salaire varie en effet selon leur niveau de formation de 500 Bs (environ 60 €) à 900 Bs (environ 110 €) par mois. Les grèves sont donc nombreuses : un mois d'arrêt par an n'a rien d'extraordinaire. Par ailleurs, l'enseignement est exclusivement basé sur la répétition mécanique des cours. Ce qui en fait une activité de peu d'intérêt pour la majorité des élèves. Et ne développe certes pas l'esprit d'initiative !
Enfin, tous les enfants ne peuvent pas étudier dans de bonnes conditions. Dans les familles pauvres, ils doivent souvent travailler dès leur plus jeune âge. Comme cireurs de chaussures, "voceadores" (ceux qui annoncent en criant la destination des bus), vendeurs ambulants ou apprentis mineurs. A l'adolescence, ils doivent aussi souvent prendre en charge leurs frères et soeurs plus jeunes.

Enfants et adolescents des quartiers miniers

C'est ce double constat qui est à l'origine de la création du premier centre Nidelbarmi à Potosi en 1993. Le Père Jean Claesen officiait alors dans la paroisse de Concepción, sur les flancs du Cerro Rico, et la plupart de ses ouailles travaillaient à la mine. Dans de nombreuses familles, le père était mort de silicose et la mère, devenue "palliri", tentait tant bien que mal de subvenir aux besoins de la famille.
Panneau Nidelbarmi Nidelbarmi signifie "niños y adolescentes de los barrios mineros" (enfants et adolescents des quartiers miniers) car ceux-ci représentaient au départ la population cible du projet. Mais en dix ans, les choses ont considérablement évolué.
L'objectif de Nidelbarmi est d'apporter un soutien aux élèves en difficulté. De redonner confiance à ceux qui se sentent marginalisés par leurs échecs. De compléter l'enseignement traditionnel pour faire en sorte que l'analphabétisme et la désertion scolaire diminuent dans les quartiers où les centres interviennent. Car aujourd'hui il n'y a plus un, mais dix centres au total !
Six d'entre eux se trouvent dans la ville de Potosi. Quatre autres ont étés créés à El Alto, dans le quartier d'Alto Lima, où le Père Jean officie désormais. Au total, cela représente 1.500 enfants inscrits. Mais 1.200 "seulement" viennent aux centres de façon régulière. La plupart sont scolarisés. Néanmoins, pour près de 10 % d'entre eux, Nidelbarmi est la seule source de formation.

Une autre idée de l'éducation

Pour atteindre leurs objectifs, les centres Nidelbarmi utilisent au maximum le concept de jeux éducatifs. Il s'agit en effet de réveiller chez les enfants un certain intérêt pour l'étude. Et pour cela, quel meilleur moyen que le jeu ? On s'amuse donc beaucoup, tout en acquérant les bases indispensables en mathématiques, en lecture et en écriture.
Jeu d'observation Cette nouvelle approche de l'enseignement développe les capacités créatives, manuelles et intellectuelles, des enfants. Elle leur apporte également une plus grande autonomie, un certain nombre de jeux fonctionnant selon le système de l'auto-évaluation des résultats.
- Cela marche très bien, nous dit le Père Jean, mais c'est difficile à faire admettre. Dépenser de l'argent dans des jeux éducatifs, ici, c'est inconcevable !
Pour subvenir aux besoins grandissants des centres Nidelbarmi, le Padre, comme on dit ici, a dû coiffer une nouvelle casquette : celle de fabricant de jeux. Car on n'en trouve pas en Bolivie ! Alors, faisant fonctionner son imagination et celle de ses partenaires, il a lancé toute une série de jeux "Nidel". Mais en dehors des centres, la commercialisation en est difficile.
Chaque centre dispose également d'une petite bibliothèque. La plupart des ouvrages proviennent d'Espagne, car comme pour les jeux il est pratiquement impossible d'en trouver sur place. L'accent est mis sur la lecture compréhensive : il ne suffit pas de savoir déchiffrer (ce que l'école bolivienne enseigne à peine), encore faut-il comprendre ce qu'on lit. Et développer son sens de l'analyse...
Nidelbarmi organise aussi des ateliers de formation à destination des professeurs en exercice ou des étudiants. Il s'agit d'actualiser leurs connaissances en leur faisant découvrir de nouveaux outils. Il faut aussi leur redonner la motivation indispensable pour pouvoir à son tour donner envie d'apprendre !

Financement et organisation

L'argent est bien évidemment un problème, même si les locaux sont mis à disposition par l'Eglise. Les enfants intéressés par Nidelbarmi proviennent de familles modestes. Ils ne peuvent donc apporter qu'une contribution symbolique au fonctionnement du centre, à savoir 10 Bs par an (environ 1,25 €). Cela ne représente que 2 % du budget annuel. Pour le reste, il faut donc chercher des financements.
Fou-rire chez les grandes Comme la plupart des missionnaires européens, le Père Jean dispose d'une chaîne de solidarité qui l'aide à financer ses projets. Mais les besoins sont chaque jour plus grands.
- Sans arrêt, on me demande d'ouvrir de nouveaux centres. Il y a beaucoup de besoins. Mais comment faire ?
Il faut aussi trouver le personnel pour encadrer les enfants. Les éducateurs doivent être intéressés par cette nouvelle forme d'enseignement. Ils doivent montrer une certaine ouverture d'esprit pour en comprendre les modalités. Ce n'est pas si simple.
Au jour d'aujourd'hui, 35 éducateurs sont répartis sur les différents centres. Ce sont pour la plupart des étudiants en sciences de l'éducation. De futurs professeurs en cours de formation. L'équipe Nidelbarmi comprend en outre une directrice pédagogique (basée à Potosi) pour l'ensemble des centres et une coordinatrice pour les centres de El Alto.
Un volontaire français est chargé de l'administration générale. D'autres volontaires européens (pédagogues ou psychologues) interviennent ponctuellement. Mais l'objectif est bien sûr d'aboutir à une structure totalement bolivienne.
En attendant, le Padre a encore besoin d'aide pour accompagner "ses" 1.500 enfants. Alors si vous êtes intéressé par son travail, vous pouvez l'encourager via le CCP 427136 J Paris ("Jean Claesen") ou le compte 000-0557091-20 de Volens asbl Bruxelles ("Nidelbarmi - Jean Claesen"). Pour plus de renseignements : nidelbarmi@entelnet.bo

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