Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
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Fenêtre sur les Andes (Argentine)

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Le 5 juin 2003, de Salta (Argentine)
 

Bonjour tout le monde

LA CARTE

Finalement partis de Mendoza le 30 avril, nous sommes arrivés à Vallecito le 1er mai. C'est là que se trouve LE sanctuaire de la Difunta Correa. Mais qui est-ce donc ? On voit très souvent de petits autels au bord de la route qui lui sont dédiés. C'est une femme seule avec son bébé, qui serait morte de soif dans le désert. Le bébé, lui, aurait pu survivre jusqu'à ce qu'on le retrouve en tétant le sein de sa mère morte. On l'implore pour tout un tas de choses et quand ça marche on lui amène une offrande : une maquette de la maison qu'on a enfin pu construire, la plaque d'immatriculation ou le vieux joint de culasse de sa voiture, un morceau de carénage de moto pour ceux qui ont survécu à un accident, etc. Une colline entière en est recouverte !
Parc Ischigualasto : demoiselles coiffées En continuant vers le nord, nous avons trouvé nos premiers cactus candélabre. Jusqu'à une demi-douzaine de mètres de haut. Samuel et Elisa n'en croyaient pas leurs yeux ! Depuis, ils se sont habitués.
Plus loin, le parc Ischigualasto est une zone de paysage lunaire. On y a trouvé les ossements de dinosaure les plus anciens du monde : 230 millions d'années. Le dinosaure en question (Eoraptor Lunensis de son petit nom) devait mesurer 30 cm de haut. On était encore bien loin des monstres de 10 m de haut qui devaient exister par la suite !
Dans le parc, un circuit de 41 km a été aménagé. On le parcourt en voiture, en compagnie d'un guide. Une demi-douzaine d'arrêts sont prévus. Le reste du temps, on se suit en file indienne, car il peut y avoir jusqu'à 20 véhicules à la fois (il y a un départ toutes les heures). Inutile de dire qu'en bons Français indisciplinés, nous avons fini loin derrière tout le monde ! Le guide était pressé de rentrer et avait tendance à écourter les étapes. Nous, nous voulions profiter du paysage. Des rochers immenses en forme de demoiselles coiffées ou de chat, des fossiles de plantes, des concrétions minérales qui forment de grosses boules rondes qui émergent de terre avec l'érosion, des falaises d'un rouge sanguin qui longent une piste de sable blanc... Et les guanacos, les renards, les maras. Il aurait été vraiment dommage de se dépêcher.
Ensuite, nous avons passé La Rioja et Catamarca, deux villes qui se trouvent dans la plaine et autour desquelles il y a de nombreuses oliveraies. Et nous avons continué à nous éloigner de la Cordillère... Tiens, ils n'aiment plus les montagnes ? Pas du tout ! Mais nous voulions revoir une Soeur Dominicaine rencontrée à Chiloé en 1994 et maintenant elle se trouve dans la province de Santiago del Estero. Nous avons donc continué vers le nord-est.
Eglise de Cachi au soleil couchant En quittant Catamarca, en fin d'après-midi, nous nous sommes payés une superbe montée en lacets d'une demi-heure : il y avait une chaîne de montagnes à franchir. Malheureusement, à cette heure-ci, nous avions le soleil de face : impossible de prendre la moindre photo...
Sur le plateau, le goudron a fait place à la terre et c'est une petite piste bien sympathique qui nous a menés de nouveau dans la plaine. Là, le goudron est réapparu et c'est de nouveau une route toute droite qui nous a conduits jusqu'à Santiago del Estero.
Là, nous avons pu retrouver un inverter. Nous avons donc de nouveau du 220 V dans le fourgon ! Puis, nous avons repris la route, car Soeur Betulia vit à El Cruce, un petit village qui se trouve à 100 km de là. Comme son nom l'indique ("le croisement"), il se trouve au carrefour de deux routes. Nous n'avons donc eu aucun mal à le trouver.
En cours de route, nous avons vu de nombreux serpents écrasés. La plupart de petite taille. L'un d'eux, pourtant, mesurait un bon 1m70. D'un vert brillant. Inutile de dire qu'il a fallu s'arrêter pour le voir de près... Samuel était aux anges. Ravi de pouvoir l'examiner sous toutes les coutures. Moi, en le voyant approcher la tête de l'animal à quelques centimètres de son nez, j'en avais mal au ventre ! Même morts, je ne peux pas les toucher.
Betulia est colombienne, comme les deux tiers des Soeurs de la congrégation, bien que la maison-mère de celle-ci se trouve en France (à Tours). Elle vit avec trois autres soeurs : deux colombiennes et une chilienne. L'une d'elles se trouvait d'ailleurs elle-aussi à Queilen, il y a 9 ans.
Le soir où nous sommes arrivés, Betulia était à Bandera Bajada, la paroisse dont El Cruce dépend. Elle devait y animer une émission de radio. Eh oui ! Dans ce genre de coin perdu, le seul vrai moyen de communication, c'est la radio. Et ce sont souvent les prêtres qui les font exister. (Voir notre Arrêt sur image : Bandera Bajara, l'autre Argentine).
Atelier de réparation de machines à coudre Betulia nous a présenté le Padre Sergio. Il est italien et cela fait près de 25 ans qu'il est là. A son arrivée, Bandera n'était encore qu'un hameau de quelques maisons éparpillées au milieu des cactus. Il n'y avait pas de rues, pas d'école, pas de municipalité... Juste une boulangerie et la paroisse construite par son prédécesseur, italien lui-aussi.
La terre ne permet pratiquement aucune culture. Lorsqu'il pleut, les pistes se transforment en patinoires inutilisables et plus aucun mouvement n'est possible. Mais dès que le soleil revient, la terre devient dure comme de la pierre. Il n'y a guère que le coton qu'on arrive à faire pousser. Et encore. Alors les gens s'exportent. Ils partent travailler à Buenos Aires ou en Terre de Feu (à la tonte des moutons, par exemple).
Là, le Padre Sergio a trouvé une nouvelle profession à Rémi : réparateur de machines à coudre ! Il y en a en effet une cinquantaine éparpillées dans les différentes communautés. Toutes sont arrivées d'Italie où elles avaient été réformées et ont permis de faire fonctionner de petits ateliers un peu partout. Ce sont bien sûr des modèles à pédale : à la campagne, l'électricité n'est encore qu'une chimère.
Avec le temps, beaucoup de ces machines se sont abîmées. Et comme personne ne savait les régler, on les a purement et simplement laissé tomber. Rémi a réussi à en remettre en route une bonne partie.
Le 15 mai, c'était la fête de la paroisse. Et dès le 13 on commençait les préparatifs pour les grillades. Car ici on grille la viande à l'étouffée, au fond d'une fosse de 80 cm qu'il faut, dit-on, préparer en y faisant brûler du bois pendant 24 heures avant.
Sortie de la viande des fosses Le 14 après-midi, un camion est arrivé avec les trois vaches achetées par le Padre. Elles ont été tuées et dépecées sur place, à même la terre, les viscères aussitôt récupérés par les chiens. Les hommes s'occupaient du découpage. Les femmes récupéraient le sang pour préparer du boudin. Samuel et Elisa ont été très intéressés par cette leçon d'anatomie en plein air... jusqu'à ce qu'Elisa réalise que les "pauvres vaches" étaient mortes ! Mais la perspective du bon repas qui allait suivre lui a vite remonté le moral.
Le jour de la fête, on a donc couvert de braises le fond des quatre fosses (chacune mesurant un mètre sur trois), placé au-dessus de grandes grilles soutenant les différents morceaux de viande, puis recouvert le trou d'une tôle ondulée. Tout autour, on jette de la terre pour faire l'étanchéité. Au-dessus, on met encore de la braise. Et on laisse mijoter trois heures... Pendant ce temps, on prépare également le "locro", une soupe de haricots blancs avec de la patate douce et des tripes. Un peu de salade verte et de tomates. Des mandarines pour le dessert. Voilà le repas de fête.
En fin de matinée, c'est la messe en plein air, animée par un orchestre. Exceptionnellement, il y a de nombreux adultes dans l'assistance. En temps normal, seuls les jeunes (jusqu'à 25 ans environ) se déplacent. Et l'église est pleine ! On a du mal à imaginer ce genre de chose en Europe...
Après le repas, il y a la musique et les danses folkloriques. Puis, à 18 h, la procession dans les rues du village. Le Saint Patron est Saint Isidore, patron des paysans. On lui demande du travail et du pain pour tous... Un groupe de jeunes hommes, partis de chez eux à 4 h du matin pour arriver à temps pour la fête, organise une mini fantasia à chaque arrêt. Enfin, il y a le repas du soir, avec les restes. Et le bal, jusqu'à minuit (car demain on travaille). Avec les derniers pétards.
Ce jour-là, nous n'avons pas vu Samuel de la journée : il a été accaparé du matin jusqu'au soir par un groupe de garçons. Elisa, de son côté, a daigné nous rejoindre pour manger, mais le reste du temps elle se baladait en compagnie de toute une tripotée de fillettes. Il faut dire que les enfants sont nombreux. A tel point que les écoles (tant primaire que collège) sont obligées de fonctionner à mi-temps : un groupe le matin, l'autre l'après-midi. Ici, les fermetures de classes ne sont pas à l'ordre du jour, bien au contraire !
Le lendemain de la fête, le temps a considérablement fraîchi. En 48 h, nous avons perdu 20°C, la température extérieure ne dépassant plus guère les 10°C. Elisa a d'ailleurs eu de la fièvre pendant deux jours. Et puis il a plu et nous avons compris ce que les gens voulaient dire en parlant de patinoire... On se serait cru sur du verglas.
Ruines de Quilmes au lever du soleil Dix jours après notre arrivée, nous sommes retournés à Santiago del Estero pour relever notre courrier électronique. Là, une bonne nouvelle nous attendait : un colis contenant le nouvel ordinateur et le nouveau jeu pour Samuel achetés par Bruno et Nadine (avec nos deniers, bien sûr !) était parti pour l'Allemagne, d'où Florian et Peter allaient nous le ramener. Restait à savoir exactement quand ils atterrissaient à Buenos Aires pour aller réceptionner le colis.
De retour à Bandera pour cinq jours (avec de nombreuses pièces de machine à coudre achetées à Santiago) Rémi a poursuivi son entreprise de remise en état. Chaque jour, de nouvelles machines apparaissaient ! Et le Padre Sergio, qui attendait une livraison de panneaux solaires (pour installer des relais pour la radio), insistait lourdement pour que Rémi reste assez longtemps pour s'occuper de leur installation. Mais il y avait le colis à récupérer. Sans doute le 27 mai. Nous avons donc quitté le village, définitivement cette fois, emportant en souvenir trois CD de musique gravés sur l'ordinateur de la radio... et une cafetière italienne !
De nouveau à Santiago del Estero, nous nous précipitons au cybercafé pour voir les dernières nouvelles de Florian. Et là c'est la douche froide : Florian et Peter ne partaient pas le 27 mai comme nous le pensions, mais le 19. Ils sont donc déjà en Argentine ! Et notre colis, lui, se trouve chez eux, en Allemagne... D'abord furieux de voir qu'ils ont avancé leur voyage sans nous prévenir, nous devons bien finalement nous rendre à l'évidence : l'erreur est de notre côté, nous n'avions pas retenu la bonne date... A se taper la tête contre les murs !
Que faire maintenant ? Nous avons un autre espoir : Thierry, qui vient en Bolivie le mois prochain. Mais le colis doit revenir d'Allemagne et il y a des grèves en France qui ne facilitent pas l'acheminement du courrier... Bruno et Nadine proposent de faire envoyer le colis directement chez Thierry : trop tard, il vient tout juste d'être réexpédié chez eux !
Il n'y a plus qu'à espérer que le colis arrive jusqu'à Thierry avant son départ... et continuer notre route vers le nord.
A Río Hondo, nous profitons pendant une journée des eaux thermales. La piscine municipale en plein air est à 40°C. On s'y baigne avec plaisir dès 8 h du matin et jusque très tard le soir. Puis c'est l'arrivée dans la province de Tucuman et les premiers champs, immenses, de canne à sucre. Mais nous préférons éviter la capitale de la province et rejoindre (encore !) la route 40 qui nous ramène vers les montagnes.
VW dans les vallées Calchaquies A Quilmes, nous allons visiter des ruines pré-incas. Tout un village adossé à la montagne et constellé de cactus candélabre... Samuel et Elisa y ont découvert le plaisir de se lever à 7 h... pour admirer le lever du soleil ! Car il n'y a plus besoin de se lever tôt pour l'école : pour nous, l'année scolaire est terminée. Le programme a été bouclé et la dernière évaluation postée le 28 mai. Maintenant, ce sont de vraies grandes vacances qui commencent.
Intérieur de la cathédrale de Salta Pour fêter ça, nous nous sommes offert les vallées Calchaquies, l'un des plus beaux sites d'Argentine. Une vraie piste de montagne avec virages en épingle à cheveux et cols à plus de 3.000 m. Et des paysages... A couper le souffle ! Maintenant, nous voilà à Salta depuis trois jours. La première nuit, Samuel nous a réveillés en vomissant tout son dîner dans son sac de couchage. Heureusement que nous dormons dans un coin tranquille (le sommet du Cerro San Bernardo, près du téléphérique, pour ceux qui connaissent) parce qu'il a fallu nettoyer tout dehors : le duvet, le sac à viande, le matelas...
Le lendemain, Samuel était encore un peu patraque : 39°5 C dans l'après-midi et aucun appétit. Maintenant, ça va mieux. Sans doute avait-il trop mangé de fromage de chèvre local !
Sinon, une dernière nouvelle, en forme de miracle : notre colis est déjà revenu chez Bruno et Nadine !!! On n'osait pas y croire...
Allez, de grosses bises à tous, où que vous soyez. Bonne fin d'année pour ceux qui attaquent des examens. Bonnes vacances pour ceux qui commencent à y penser. Et à la prochaine ! De Bolivie, cette fois.

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

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