Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
     Le véhicule
     Le parcours
     Carnets de route
     Arrêts sur image
        Chiloé
        Bandera Bajada
        Pulacayo
        Nidelbarmi
        Brasilia
        Alagoinhas
        Mouvement Sans Terre
        La Guyane
        Sur le Río Madeira
        Missions jésuites
        Yerba mate
        La valse des voitures
     Infos pratiques
     Bilan en chiffres
 Amériques 1992-1994
 Afrique de l'Ouest 1990
 Afrique de l'Ouest 1988

Fenêtre sur les Andes (Argentine)

Compteur visiteurs

Arrêts sur image : l'école des laissés pour compte, à Alagoinhas

Alagoinhas est ce que l'on considère au Brésil comme une petite ville : 120.000 habitants, à peine. Elle est située à 110 km de Salvador, la capitale de l'état de Bahía. L'industrialisation y est presque inexistante. Mise à part une unité de production de bière, il n'y a pas beaucoup de sources d'emploi. Les habitants, pour la plupart d'origine africaine, y vivent modestement. Voire moins bien que ça !
Le quartier de Terezinha se trouve à la périphérie de Alagoinhas. Ici, le taux de chômage avoisine les 75 %. La violence est omniprésente. C'est le seul langage que les enfants comprennent tous. Pourtant, dans ce quartier oublié que les honnêtes gens évitent de fréquenter, une école vient redonner espoir aux plus pauvres de ces pauvres : ceux qui, de plus, souffrent d'un handicap physique.

Une école différente

Au Brésil, comme dans beaucoup d'autres pays, il y a le choix entre les écoles publiques (gratuites, mais dispensant un enseignement de mauvaise qualité) et les écoles privées (de bonne qualité mais chères). Conséquence logique : les plus pauvres ne peuvent "s'offrir" qu'un enseignement de mauvaise qualité qui ne leur permettra pas de changer de niveau social. Le cercle vicieux se referme donc un peu plus à chaque génération.
Salle de classe Ici, pourtant, on a choisi de briser le cercle infernal. L'enseignement est donc gratuit... et de la meilleure qualité possible ! Par ailleurs, la journée continue (cours de 7h30 à 15h40) évite aux enfants d'être désoeuvrés et les garde plus longtemps dans un milieu propice à l'étude. Elle améliore aussi leur alimentation, puisque petit déjeuner et repas de midi sont fournis (gratuitement, toujours). C'est donc tout un processus d'intégration dans la société qui se met en place.
En 1996, après avoir constaté les énormes besoins dans ce domaine, les premiers enfants sourds ont été accueillis à l'école. En 2000, ils étaient rejoints par les premiers aveugles. Enfin, en 2002, trois enfants sourds-aveugles ont également intégré la structure. Par ailleurs, des enfants présentant des problèmes de comportement (agressivité, hyper-activité...) bénéficient d'un enseignement adapté (en tous petits groupes) pendant une ou plusieurs années avant de rejoindre le cursus normal.
Aujourd'hui, 250 élèves fréquentent l'école. La moitié d'entre eux présente un handicap : 68 sont sourds, 28 sont aveugles ou malvoyants, 4 sont sourds-aveugles et 21 ont des problèmes de comportement. Les autres sont valides. Car on mise également beaucoup sur l'inclusion de ces enfants différents dans le groupe pour leur assurer une meilleure intégration.

Combattre la honte

Au Brésil, le handicap est encore vécu la plupart du temps par les parents comme une honte, une tare à cacher... Les enfants différents sont parfois cloîtrés dans les maisons, à l'abri du regard des voisins. Les amener à l'école, dans le monde extérieur, est en soi une victoire. Un début d'acceptation.
Certaines histoires font froid dans le dos. Ainsi celle de ce garçon sourd qui nous serre tous dans ses bras lorsque nous allons visiter l'école. Jusqu'à l'âge de 11 ans, il a vécu exclusivement parmi les chiens. Sa grand-mère (qui lui donnait la même nourriture qu'aux animaux) lui refusait l'accès à la maison. Pour lui, l'arrivée à l'école a correspondu à son entrée dans le monde des humains. Jusque là, il ne connaissait que deux attitudes : soit il mordait, soit il serrait dans ses bras. Petit à petit, il apprend à communiquer comme l'enfant d'homme qu'il est. Les morsures se font plus rares...

Une goutte dans un océan de besoin

L'école de Alagoinhas est la seule en son genre dans la région. C'est même la seule qui soit accessible aux enfants pauvres au nord de Río de Janeiro... soit sur les trois quarts du Brésil ! C'est dire à quel point elle peut être précieuse.
Groupe de jeunes sourds Aujourd'hui, des familles emménagent dans le quartier pour rapprocher leurs enfants de l'école. Les demandes d'inscription sont sans cesse croissantes. Mais même si la Préfecture s'investit (paiement du salaire des professeurs, fourniture d'un minibus pour le ramassage...) la fondation qui gère la structure est sur la corde raide. Chaque fin de mois apporte son lot de questions quant à l'avenir.
Pour l'instant, l'école ne comprend que les classes primaires. Mais progressivement de nouvelles classes devraient s'ouvrir pour assurer la formation des élèves jusqu'à la fin du collège. Il faut aggrandir les locaux. Un logement est également en cours de construction : il servira de lieu d'entrainement pour aider les aveugles à acquérir une meilleure autonomie.
Pour la formation des professeurs ou l'organisation de l'enseignement, des volontaires viennent d'Europe. Ils passent trois ou six mois sur place. Apportent un savoir ou une expérience. Rien n'est négligé et on peut aussi s'investir dans les activités de l'après-midi : sport, musique, théâtre, informatique...
Pour plus de renseignements, ou si l'expérience vous tente, n'hésitez pas à consulter le site de la fondation (www.fcaminho.org.br) ou à les contacter (contato@fcaminho.org.br). Ils comprennent le français !

Brasilia, la capitale sortie de nulle part    Le Mouvement Sans Terre