VOYAGES AU LONG COURS
Amérique du Sud 2002-2004
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Le 2 février 2004, de Manaus (Brésil) |
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Deux jours après notre dernier carnet de route, nous sommes entrés au Vénézuela. Santa Elena, la première ville, était littéralement envahie de 4x4 rutilants et suréquipés : treuil, cric hi-lift, jerricans supplémentaires, tente de toit, pelle, phares de recherche... Une vraie débauche de matériel ! D'abord, nous avons pensé qu'un rallye faisait étape dans la région. Mais non, pas du tout : ce n'étaient que des vacanciers en provenance de Caracas ou d'autres grandes villes de la côte. Pour ces citadins, le sud du Vénézuela (la Gran Sabana, comme on l'appelle) est une terre lointaine et sauvage dans laquelle on ne peut s'aventurer qu'avec armes et bagages. Et manifestement, plus on les voit, mieux c'est ! Certains n'hésitent pas à afficher au blanc d'Espagne, en grosses lettres sur les vitres : "De Caracas à la Gran Sabana". Cela doit faire aventurier.
Autre caractéristique de Santa Elena : les queues à la station-service. Il faut dire que le carburant est littéralement donné au Vénézuela : un litre de gas-oil coûte la modique somme de 0,02 €. Les Brésiliens sont donc nombreux à venir faire le plein chez leurs voisins. Résultat : des queues de plusieurs dizaines de voitures à toutes les pompes.
La Gran Sabana est une zone de hauts plateaux (toute relative : on n'y atteint pas les 1.500 m). Il y fait sensiblement plus frais qu'au niveau de la mer et nous y avons retrouvé avec délices le plaisir de ne pas transpirer dès 8 h du matin. Et puis cette sensation d'espace, d'ouverture, que vous procurent les montagnes lorsqu'elles apparaissent à l'horizon... On y respire tellement mieux qu'entre deux murs de végétation ! C'est en redécouvrant ces grands espaces que nous nous sommes rendus compte que la forêt nous oppressait toujours un peu. Manifestement, nous sommes plus faits pour les déserts.
C'est dans cette région que se trouvent les fameuses chutes Angel, les plus hautes du monde avec près de 1.000 m de haut. Mais elles ne sont accessibles que par les airs et le VW ne sait pas voler...
Toute la Gran Sabana étant envahie comme Santa Elena, nous ne nous y sommes pas trop attardés. Mais nous avons quand même pu trouver un petit cours d'eau où assurer un lessivage général (véhicule, vêtements, personnes) loin des hordes de 4x4. Car l'instinct grégaire reste le plus fort et dès qu'il y a suffisamment de place, de véritables villages se recréent : plusieurs dizaines de véhicules s'agglutinent au même endroit.
Après, lorsqu'on rejoint les basses terres, les choses se normalisent. Il y a plus de villages, moins de beaux 4x4 et la route se remplit de vieilles guimbardes nord-américaines qui tanguent au moindre virage et consomment 25 litres d'essence aux 100 km. Il fait aussi plus chaud et la forêt reprend ses droits. La route se fait littéralement manger par la végétation : les bas-côtés (qui font pourtant près d'un mètre de large) sont souvent recouverts de verdure. Les animaux se font donc surprendre, tel ce boa constrictor que nous avons retrouvé bien abîmé sur la route...
A Ciudad Guayana, sur les bords de l'Orénoque, nous avons découvert que le pont qui était annoncé comme déjà en service dans un journal brésilien, n'était en fait pas encore construit. Par contre, le service de bacs était très bien organisé. Ce n'est déjà pas si mal ! Nous avons donc pu traverser le fleuve et atteindre finalement notre but au Vénézuela : Güiria, à la pointe nord-est du pays. La ville ne présente pas d'intérêt particulier, mais c'est de là que part le bateau vers l'île de Trinidad. Or les parents de Rémi se trouvent actuellement à Trinidad avec leur voilier. A Salvador de Bahía, au Brésil, nous les avions ratés de quelques semaines. Cette fois, nous devrions arriver à les rattraper ! Seulement voilà : nous arrivons un jeudi et le bateau qui assure la navette jusqu'à Port of Spain ne fonctionne que le mercredi... Cela nous laisse tout le temps de trouver un endroit sûr où laisser le fourgon en notre absence, mais nous n'avons pas vraiment envie de passer six jours à attendre.
En cherchant bien, nous trouvons finalement un cargo qui peut aussi transporter quelques passagers. Malheureusement, il n'a plus assez de places pour nous quatre et comme ses rotations ne sont pas régulières, il ne sait pas quand il refera le trajet. Rémi ne s'avoue pas vaincu et arpente le port en tous sens pendant que les enfants et moi sommes occupés par l'école. Un pêcheur est prêt à nous emmener dans sa barque. Mais pour pouvoir entrer à Trinidad, nous devons présenter un billet de retour vers le Vénézuela. Le temps de l'acheter au bureau de la compagnie qui gère la navette du mercredi... et c'est parti ! Les bagages sont prêts. Il n'y a plus qu'à faire tamponner les passeports et poser le fourgon. Mais à l'immigration, c'est la douche froide : le pêcheur n'étant pas habilité à transporter des passagers, la fille refuse de nous mettre les tampons de sortie. Cette fois, nous sommes bel et bien coincés.
En attendant, Elisa se fait des copines près de la Protection Civile, où nous avons trouvé refuge. Il y a du monde nuit et jour, nous sommes un peu à l'écart de la route et il y a même de l'eau pour se doucher. Que demander de plus ?
Chaque jour, Rémi retourne au port voir si le cargo pointe le bout de son nez. Mais rien. Par contre, nous ferons la connaissance de cinq jeunes Tchèques qui voyagent en voilier. Tomas, Jitka, Venca et les deux Zdenèk ont quitté Prague fin 2002. Par les rivières et les canaux, ils ont rejoint la Méditerranée, puis l'Océan Atlantique. Les voilà maintenant tout près de leur but : le delta de l'Orénoque. Nous passerons une très bonne soirée en leur compagnie sur "Dandy Praha". Un avant-goût des retrouvailles familiales à venir !
Enfin, le jour du départ arrive. A midi, après avoir mis le fourgon en lieu sûr, nous nous retrouvons, chacun muni de son sac à dos, sur la route du port. Le bateau doit appareiller à 15h, mais l'enregistrement se fait deux heures plus tôt. En théorie... Car ces messieurs-dames de la douane et de l'immigration prennent tout leur temps et n'hésitent pas à déjeuner tranquillement, dans le salon climatisé du bateau, pendant que les passagers attendent dehors. Ce n'est donc qu'à 14h15 que le contrôle des bagages peut commencer. Ensuite, il faut faire à bord les formalités de sortie du Vénézuela et celles d'entrée à Trinidad avant que le bateau ne quitte le port. Ce qui ne sera finalement le cas qu'à 16h passées...
La traversée durant près de quatre heures, ce n'est qu'à la nuit tombée (et bien tombée !) que nous atteignons Port of Spain. Les parents de Rémi sont là, sur le quai, mais il va encore falloir attendre avant de les retrouver... D'abord, on nous demande de faire deux files : une pour les Trinidadiens et une pour les autres. Puis, changement de programme : une seule file. Mais les bagages doivent être disposés les uns derrière les autres, en file indienne, pour que le chien anti-drogue les renifle plus facilement. Tout le monde à droite des sacs ! Non, finalement, tout le monde à gauche... Après une bonne demi-heure de cafouillage, le chien arrive enfin. Il passe plusieurs fois le long des sacs et s'arrête systématiquement près de ceux qui contiennent de la nourriture. Enfin, nous pouvons nous avancer pour la fouille des bagages. Il était temps : les enfants commençaient à perdre patience.
"Pictoris", le bateau des parents de Rémi, est actuellement sorti de l'eau pour des travaux. Ce n'est pas la situation idéale, mais nous arriverons néanmoins à loger tous les six à bord pendant une semaine. Un séjour agrémenté le premier matin par un tremblement de terre qui réveille tout le monde en sursaut. Personnellement, il me faudra quelques secondes pour réaliser ce qui se passe : après tout, quoi de plus normal que de sentir un bateau bouger ? Mais c'est oublier que celui-ci se trouve à terre...
Entre les séances de travail sur l'ordinateur du bord, les discussions en tous genres, les bricolages divers et variés, les leçons d'astronomie pour Samuel (à sa demande, bien sûr), le visionnage de nos photos, les apéritifs et les petites bouffes, le temps passe vite. Et le jour du départ arrive déjà. Cette fois, l'enregistrement est prévu à 7h du matin, pour un départ à 9h. Le réveil, à 5h30, est difficile...
Au port, il faut de nouveau attendre. Tout le monde essaye de profiter au maximum de ces derniers instants ensemble. Il y a deux ans que nous ne nous étions pas vus et une semaine, c'est bien court. L'émotion est là et dès que nous embarquons, Elisa fond en larmes, nous entraînant tous dans son sillage. Heureusement, le départ ne tarde pas trop.
A Güiria, c'est avec soulagement que nous retrouvons notre fourgon intact. Le temps de tout ranger et de récupérer un peu, ce n'est que le lendemain que nous quittons la ville. Il faut aussi reprendre le rythme de l'école après cette petite semaine de vacances... Et cette nuit-là nous nous faisons réveiller par Samuel qui vomit juste entre nos deux têtes. Intoxication alimentaire ? Refroidissement ? Pendant 24 heures, il n'aura aucun appétit, vomissant encore plusieurs fois. Mais il retrouvera vite son énergie... et son intérêt pour les étoiles ! Désormais, nous ne dînons plus que de sandwiches, à l'extérieur, les yeux fixés sur le ciel.
Pour rejoindre de nouveau le Brésil, nous sommes plus ou moins obligés de prendre la même route qu'à l'aller. A partir de Ciudad Guayana, en tout cas, il n'y en a qu'une : celle qui traverse la Gran Sabana. Nous y retrouvons de nouveau avec plaisir un peu de fraîcheur. Il nous faudra même, le soir, sortir les sweat-shirts du coffre. Ils n'avaient pas pris l'air depuis le mois d'août ! Rémi en profite pour contrôler le chauffage : nous en aurons de nouveau besoin lorsque nous serons de retour en Bolivie.
A Santa Elena, nous décidons de braver les files d'attente et de faire le plein de gas-oil avant de quitter le Vénézuela. Il n'y a que quelques voitures devant nous. Elles sont toutes immatriculées au Brésil. Car les Vénézueliens passent, eux, sans attendre. Il nous faudra donc patienter plus d'une heure avant de découvrir que nous avons également droit ici à un prix spécial pour étrangers (trois fois plus élevé que la normale). Mais à 0,06 € le litre, le gas-oil reste tout de même très très bon marché et les Brésiliens n'hésitent pas à se faire monter des réservoirs de 1.000 litres sur leurs camions. La différence de prix paie ainsi facilement le trajet.
De retour à Boa Vista, Rémi s'attelle à l'entretien du VW, comme tous les 5.000 km. Nous partons aussi à la recherche d'un dentiste pour Samuel car il a depuis quelques temps une grosse boule sur la gencive. Nous ne l'avons découvert que quelques jours plus tôt, mais il nous dit l'avoir depuis plus d'un mois ! Comme elle n'était pas douloureuse, il n'avait rien dit... Finalement, il s'avère que cette boule est due à la poussée qu'exerce la dent définitive (encore dans la gencive) sur la dent de lait. Il faut donc l'arracher. Une opération qui ne prendra que quelques minutes, après l'anesthésie.
Il y a une heure que nous avons quitté Boa Vista en direction de Manaus lorsque nous croisons un fourgon Toyota Hiace 4x4 immatriculé en Suisse. Rémi et l'autre chauffeur montent tout de suite sur les freins. Et c'est ainsi que nous faisons la connaissance de Franck et Jeannette. Eux nous connaissent déjà. Ou plutôt, ils nous ont déjà vus dans le sud du continent. Ils connaissent d'ailleurs aussi Florian et Peter (les Allemands en Volkswagen LT), Jean-Claude et Cécile (les Français en Mercedes) et Hubert et Ilona (les Allemands en Toyota Land Cruiser qui voyageaient sur le Grande Brasile avec nous). A croire que l'Amérique du Sud est un village où l'on finit toujours par se croiser !
Pour nous comme pour eux, cette rencontre est la première du genre depuis longtemps : au Brésil, il n'est pas si courant de croiser d'autres voyageurs. Le pays est si grand ! Le plaisir de l'échange n'en est que plus vif et nous décidons bien vite de repartir tous dans la même direction pour trouver un lieu de bivouac commun.
Franck et Jeannette sont arrivés en Amérique du Sud juste après nous, mais ils ont déjà parcouru 65.000 km, soit près du double du kilométrage qui s'affiche au compteur du VW ! Aujourd'hui, ils sont un peu fatigués de voyager et ne savent pas trop dans quelle direction aller : vers le nord, pour rallier l'Alaska, ou vers le sud, pour rentrer en Suisse ? Dans cette deuxième hypothèse, ils s'inquiétaient d'une éventuelle impossibilité de repartir sur les routes après avoir fondé une famille. Nous arrivons donc à point nommé pour leur remonter le moral et les rassurer : tout reste possible.
Le lendemain, chacun reprend sa route, au grand désespoir d'Elisa, toujours prompte à s'attacher. Mais c'est le caractère fugitif de ces rencontres qui en fait aussi le prix.
Pendant 120 km, la BR 174 traverse une réserve indienne. Il est interdit de s'y arrêter et la route est fermée la nuit. Nous dormirons juste à l'entrée, après avoir, pour la troisième fois depuis notre départ de France, passé la ligne de l'équateur. Enfin, 24 heures plus tard, c'est Manaus, capitale de l'état d'Amazonas. La chaleur et l'humidité reviennent en force : la ville est encerclée de toutes parts par l'eau et la forêt et les pluies ne rafraîchissent absolument pas l'atmosphère. Pour la première fois, nous avons dû laisser les deux ventilateurs en route toute la nuit. Et malgré cela, le thermomètre n'est pas descendu sous les 27°C... Personnellement, j'ai de plus en plus de mal à supporter ce climat. Il me tape même franchement sur les nerfs !
Maintenant, il s'agit de trouver un bateau qui puisse nous amener à Porto Velho, dans l'état de Rondônia, à 1.000 km d'ici. Il y a bien eu une route, mais faute d'entretien elle n'est plus utilisable : les ponts n'ont pas résisté. Or ce trajet comporte de nombreuses traversées de rivières. Ensuite, nous retournons en Bolivie prendre un bain de fraîcheur.
Grosses bises à tous et à la prochaine.
Rémi - Flo - Samuel - Elisa |
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