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VOYAGES AU LONG COURS

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Arrêts sur image : Pulacayo, village-fantôme

La Bolivie est un pays aux ressources minières phénoménales. Mais cette richesse n'a jamais profité aux habitants. A commencer par le mythique Cerro Rico qui domine la ville de Potosi de ses plus de 4.800 m et dont les Espagnols ont exploité les filons d'argent pendant des décennies. On raconte en effet qu'une telle quantité d'argent fut extraite du Cerro qu'il aurait été possible de construire avec un pont reliant Potosi à la lointaine Espagne. Mais on raconte également qu'il aurait été possible de construire un deuxième pont parallèle au premier en utilisant les ossements des Indiens morts dans la mine...

Mines d'argent et mines d'étain

Les choses ont un peu changé depuis la conquête espagnole : l'argent se fait rare dans le Cerro Rico. Aujourd'hui, on n'y extrait plus que le plomb, le zinc, l'étain et l'antimoine.
Entrée de mine Mais le Cerro n'est pas le seul endroit où des mines furent installées. De l'argent fut découvert ailleurs, en Bolivie. Puis, au début du XXème Siècle, une forte demande en étain au niveau international conduisit à un nouvel essor du secteur minier. Quelques familles, celle de Simon Patiño en tête (on le surnomme "le baron de l'étain") accumulèrent d'immenses richesses personnelles, pendant que les mineurs travaillaient dans des conditions extrêmes, uniquement soutenus par la feuille de coca.
Celle-ci fonctionne en effet comme excitant, mais ses effets anesthésiants lui permettent également d'agir comme coupe-faim. Ce qui permet de travailler pendant des heures, même lorsqu'il n'y a rien à manger.
En 1952, les mineurs, alliés aux paysans, furent les principaux acteurs d'une révolution populaire qui renversa le gouvernement militaire de l'époque. Les mines furent nationalisées, le suffrage universel instauré et la terre commença à être redistribuée. Ce qui n'améliora pas pour autant l'économie. Notamment à cause de l'hostilité du gouvernement nord-américain de l'époque...

Grandeur et décadence

Lorsqu'on voyage de Potosi à Uyuni, sur l'Altiplano, après plusieurs heures de route, Pulacayo se profile à l'horizon, sur les flancs de la montagne. Des entrées de mine sont visibles un peu partout. Les terrils sont un élément important du paysage. Et le village a la taille d'une agglomération importante.
Campement minier Celui-ci a en effet compté plus de 5.000 habitants. Au XIXème Siècle, c'est ici que se trouvait la mine d'argent la plus importante du pays. Une voie ferrée avait été construite pour transporter le précieux métal et c'est ici qu'arrivèrent les premières locomotives de Bolivie. On raconte même que l'un de ces trains fut attaqué en son temps par Butch Cassidy.
Pourtant, lorsqu'on s'approche, il faut bien se rendre à l'évidence : la plupart des maisons sont inhabitées. Les campements miniers sont toujours là, composés d'une succession de bâtiments allongés. Chacun d'entre eux abrite quatre ou cinq minuscules habitations. Mais les portes sont toutes fermées.
Par une petite piste, les véhicules peuvent se faufiler jusqu'à l'église. Après, il faut continuer à pied, dans un dédale de ruelles et d'escaliers en tous genres. Au centre du village, les campements sont en ruines. Seules quelques vieilles femmes vont et viennent dans la rue. Aujourd'hui, Pulacayo ne compte plus que quelques 300 habitants. Les jeunes partent à la ville, à Uyuni ou Potosi.

Vivre à Pulacayo aujourd'hui

Mauricia nous reçoit dans sa petite maison pour le "mate de coca" traditionnel. Elle est arrivée ici, jeune mariée, en 1964. Tous ses enfants sont nés à Pulacayo, mais seules ses plus jeunes filles vivent encore avec elle. Son mari travaillait à la mine. Comme beaucoup d'autres, il est mort de silicose quelques années plus tôt. Mauricia est devenue "palliri". Les femmes ne peuvent pas travailler à l'intérieur de la mine : elles y portent malheur...
Ruines de campement minier La coopérative minière de Pulacayo existe depuis 1962. Elle a compté jusqu'à 600 membres. Mais aujourd'hui ils ne sont plus qu'une petite soixantaine à extraire ce qui reste d'argent et de plomb dans la mine.
La vie est rude à Pulacayo. On y élève le lama, mais l'agriculture y est impossible. Alors Mauricia part faire du troc. Elle prend des blocs de sel du salar d'Uyuni et part les échanger à plusieurs centaines de kilomètres de là contre des céréales. Malgré tout, elle arrive à financer les études de ses enfants.
Les plus grands sont déjà installés en ville. Un jour, sans doute, Mauricia finira par les rejoindre. Pulacayo se mourra alors encore un peu plus...

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