Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
     Le véhicule
     Le parcours
     Carnets de route
     Arrêts sur image
        Chiloé
        Bandera Bajada
        Pulacayo
        Nidelbarmi
        Brasilia
        Alagoinhas
        Mouvement Sans Terre
        La Guyane
        Sur le Río Madeira
        Missions jésuites
        Yerba mate
        La valse des voitures
     Infos pratiques
     Bilan en chiffres
 Amériques 1992-1994
 Afrique de l'Ouest 1990
 Afrique de l'Ouest 1988

Fenêtre sur les Andes (Argentine)

Compteur visiteurs

Arrêts sur image : les missions jésuites de Chiquitos

Lorsqu'on pense à la Bolivie, on évoque bien souvent uniquement l'Altiplano. Pourtant, celui-ci ne représente qu'un tiers de la surface du pays. Il y a donc beaucoup d'autres choses à découvrir...
Les missions jésuites de la région de Chiquitos sont une autre facette de la Bolivie. Un univers complètement différent. Elles sont au nombre de six, toutes situées dans le département de Santa Cruz, dans l'Orient bolivien. Ici, il fait chaud. Et incomparablement plus humide que sur les hautes terres ! La population aussi est différente. Les visages changent. Les vêtements. La langue : ici, le quechua et l'aymara sont inconnus.

Un peu d'histoire

C'est dans les dernières annéees du XVIIème Siècle que les jésuites arrivèrent dans la région de Chiquitos. Ils y créèrent un total de dix missions, toutes sur le même principe. Il s'agissait bien sûr d'évangéliser les indiens de la région, mais aussi de les protéger des excès de l'encomienda, cette obligation qui leur était alors faite de servir les colons européens. Les jésuites enseignaient tout à leurs protégés : l'architecture, la musique, l'agronomie, la danse, l'espagnol... Ils ne pouvaient que s'attirer les foudres de colons qui voyaient surtout dans ces indiens de la main d'oeuvre à bon marché, pour ne pas dire des esclaves.
Vue générale de San Javier En 1767, les jésuites furent expulsés d'Amérique du Sud. Les indiens se retrouvèrent alors sans protecteurs. Nombre d'entre eux abandonnèrent les missions pour se réfugier dans la forêt. Néanmoins, six d'entre elles ont pu survivre jusqu'à aujourd'hui...
Le coeur de la mission est toujours la place. Une grande place carrée dont l'un des côtés abrite l'église et ses multiples dépendances : habitations des jésuites, salles d'étude, de prière ou d'enseignement, ateliers en tous genres, morgue... Des habitations s'alignent sur les trois autres côtés. L'église elle-même est le plus souvent une construction en briques de terre sur une armature de bois. Un immense toit à deux pans et de nombreux piliers torsadés en sont les principales caractéristiques. Le clocher, toujours séparé, s'apparente plus à un pigeonnier.

Une cathédrale unique en son genre

En août 2003, nous avons découvert nos premières missions jésuites en quittant la Bolivie pour le Brésil. D'abord San Javier. C'est ici que la toute première mission de la région avait été créée en 1691. L'église que l'on peut encore voir aujourd'hui ne fut pourtant construite que 60 ans plus tard, par un Suisse, le Père Martin Schmidt, qui se montra particulièrement actif dans toute la région. Un large parvis de pierre ajoute à la majesté du bâtiment. A l'intérieur, des peintures et des motifs floraux ornent tout, des piliers torsadés au plafond, en passant par les murs.
Intérieur de l'église de San Ignacio En continuant vers l'est, nous sommes ensuite arrivés à Concepción. Là, l'église a bénéficié d'énormes travaux de restauration dès 1975. Le résultat est superbe. Peintures, sculptures, dallage : tout a été refait en collant au plus près aux techniques de l'époque. L'autel, d'origine, est recouvert d'argent et Concepción est devenue cathédrale dans les années cinquante. Une cathédrale comme il n'en existe sans doute nulle part ailleurs ! La place est d'un calme absolu, éloignée de plusieurs pâtés de maisons de la route principale. Quelque chose de doux et de beau flotte dans l'air. On comprend qu'un jour des hommes aient eu envie de consacrer leur vie aux habitants de la région.
Plus loin, à San Ignacio, la construction d'origine n'a pas pu être sauvegardée : en 1948, il a fallu la détruire. Celle qui la remplace, même si elle se veut dans le style de la région, est loin d'être aussi belle. L'intérieur, pourtant, vaut le détour : on y retrouve une bonne partie de l'ameublement, des peintures et des sculptures de l'église originale.

L'or et la musique

C'est lors de notre retour en Bolivie, en février 2004, que nous avons visité trois autres missions : Santa Ana, San Rafael et San José de Chiquitos. La première se trouve dans un petit village endormi, presque désert. Au contraire des autres, la place près de laquelle se dresse l'église n'a bénéficié d'aucuns travaux d'aménagement et le petit kiosque à musique a l'air bien isolé au milieu de ce champ d'herbes folles. Mais l'intérieur de l'église est de toute beauté, avec ses sculptures recouvertes de mica. C'est aussi ici que se trouve l'unique orgue survivant de l'époque jésuite.
Orgue de Santa Ana La musique a toujours occupé une grande place dans les missions. Le Père Schmidt, non content d'avoir construit quatre des six missions survivantes, les avait aussi abondamment dotées en partitions. Certaines d'entre elles ont été retrouvées, presque par hasard. Les villageois continuaient de les chanter, la tradition s'étant perpétuée, mais ils étaient bien incapables de les lire ! Les instruments aussi sont encore nombreux : les violons, notamment, accompagnent toujours les célébrations. Et chaque année, un festival de musique baroque a lieu dans les missions pour rendre hommage à tous ces efforts.
San Rafael est un village bien plus grand que Santa Ana. Ici, les peintures ont aussi investi l'extérieur du bâtiment et le fronton de l'église est orné de superbes fresques. Quant aux sculptures de l'intérieur, recouvertes de feuilles de mica (comme à Santa Ana) ou d'or, elles resplendissent de mille feux.
A San José de Chiquitos, tout change : ici, pour la construction, on a utilisé la pierre. Les bâtiments sont beaucoup plus massifs et ne dégagent pas cette impression d'harmonie que l'on retrouve ailleurs. La musique, elle, est toujours présente : dans le patio intérieur de ce qui fût les habitations des jésuites, de jeunes musiciens viennent répéter.

D'aucuns se disent déçus par les missions jésuites de Chiquitos, les qualifiant de villages sans intérêt. Mais que venaient-ils y chercher ? Outre le côté historique de ces constructions, c'est une ambiance, un art de vivre que l'on peut effleurer du doigt. N'est-ce donc pas suffisant ?

Huit jours sur le Río Madeira, au coeur de l'Amazonie    Au pays de la "yerba mate"