Une famille autour du monde
 

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 Angola 1996-1998

À Colombo

Compteur visiteurs

 

Le 14/01/2001 : des expatriés qui changent tout le temps

Bon, assez parlé de nous comme ça. Voyons un peu ce qui se passe du côté de notre ONG !
Depuis le 1er janvier, nous n'avons plus que cinq projets : Murunkan a fermé. L'hôpital n'avait plus vraiment besoin de nous. Les cliniques mobiles ont été reprises par une autre ONG qui travaillait dans le coin. Il n'y a donc plus d'expatrié sur place. Le matériel (voiture, ordinateur, mobilier...) a été rapatrié à Colombo, dispatché sur d'autres sites, vendu ou donné. Le personnel local a été recasé dans la mesure du possible...
C'est ainsi que Shobana s'est retrouvée à Colombo. A Murunkan, elle était traductrice. Elle traduisait en anglais ce que les patients disaient en tamoul. À Colombo, elle se retrouve "log supplies", autrement dit logisticienne (eh oui, ça existe aussi au féminin) chargée de tous les problèmes d'achat, de dédouanement et de transport. En fait, elle va remplacer Suhantan, l'assistant de Rémi, qui va devenir log capitale. Comme ça, Rémi pourra se consacrer pleinement à son travail de RTL (Responsable des Techniques Logistiques : un coordinateur, quoi) et aller plus souvent sur les projets, dans la mesure où le bureau de capitale devrait pouvoir fonctionner sans lui. Pour assurer une espèce d'intérim et soutenir Suhantan pendant les premiers mois, Oscar est arrivé ce jeudi. Il avait été log à Madhu l'année dernière. Il connaît donc le Sri Lanka et les problèmes d'approvisionnement qui peuvent se poser sur les sites (Madhu n'est pas le plus facile !). Il est aussi passé au service logistique du siège de notre ONG pour se familiariser avec les procédures d'achat internes. Il est là jusque fin avril. Les expats qui sont sur le terrain pensent souvent que ces "connards de la capitale" ne comprennent rien à rien. Le voilà de l'autre côté de la barrière !
Consultation à l'extérieur Je ne vais pas vous faire un état des lieux du turn over des expatriés : ça change trop souvent ! Déjà, en Angola, c'était difficile à suivre, mais là ça devient carrément impossible. Certains chirurgiens ne restent qu'un mois ; très peu d'expatriés en province restent plus de six mois... Inutile de dire que dans ces conditions, les ressources humaines à Paris s'arrachent les cheveux pour trouver des gens. En plus, comme notre ONG travaille au Sri Lanka depuis presque quinze ans, il y a déjà des centaines de personnes qui sont passées ici... et qui n'ont pas forcément envie de revenir ! Ce qui limite d'autant plus le choix lorsqu'on recherche des volontaires expérimentés.
Pour ce qui est des gros changements, le poste d'anesthésiste a été supprimé à Vavuniya. C'est un Sri Lankais qui a pris le relais. Par contre, un log (chilien) est arrivé mi-novembre pour faire des travaux dans l'hôpital. Révision de tout le circuit d'eau (alimentation, distribution, évacuation des eaux usées...), réfection des toilettes, amélioration de la gestion des déchets...
À Madhu, un deuxième médecin expat est arrivé pour faire des cliniques mobiles dans les environs. C'est un néo-zélandais.
Un jour de pluie au bureau À Batticaloa, les gens changent, mais l'équipe se compose toujours d'un responsable terrain, un log-admin, deux chirurgiens, un médecin pour les cliniques mobiles et une infirmière pour l'hygiène à l'hôpital. Le log-admin devrait partir d'ici trois mois environ. Enfin, c'est ce qui était prévu à l'origine... Maintenant, Manuel aimerait bien le voir partir plus tôt. Boris est russe. Il a commencé à travailler avec notre ONG comme personnel local (traducteur) en Tchétchénie. Il est expatrié au Sri Lanka depuis plus de deux ans et il fait le suivi de la réhabilitation de l'hôpital. Le problème, c'est qu'il n'a rien d'un constructeur (normal : à l'origine, il est prof de français !). Du coup, il y a de grosses erreurs qui ont été faites. Comme en plus il ne supporte pas la critique et qu'il est persuadé de tout savoir, ce n'est pas évident de corriger le tir. Enfin, pour couronner le tout, il a des rapports très particuliers avec le personnel sri lankais. Le pouvoir que lui donne son statut d'expatrié lui est manifestement monté à la tête et il mène ses troupes à la baguette. Les gens ont peur de lui et il leur donne le moins d'informations possible. L'administration soviétique et sa manie du secret ont déteint sur lui, c'est évident ! Cela dit, il n'est pas le seul à abuser de son autorité. La griserie du pouvoir est une gangrène qui n'épargne ni les expatriés, ni le personnel local, dès qu'il monte un peu dans la hiérarchie...
Sur la péninsule, l'équipe a presque entièrement changé. A Point Pedro, chirurgienne, anesthésiste et gynéco-obstétricien sont arrivés dans le mois qui vient de s'écouler. A Jaffna, un nouveau poste d'anesthésiste a été créé. C'est un japonais qui l'occupe depuis début décembre. L'infirmière qui s'occupait du suivi des déplacés est partie en vacances en novembre et n'a pas pu retourner sur la péninsule jusqu'à la fin de son contrat : le CICR avait suspendu ses trajets en bateau jusqu'à nouvel ordre. Elle est donc rentrée en Australie. Son remplaçant est arrivé la semaine dernière. Il est américain et il plane un peu. On verra bien ce que ça va donner. Paul, le responsable terrain, attend désespérément qu'on lui trouve un remplaçant. Il y en a déjà eu plusieurs d'identifiés, mais à chaque fois ça a fini en queue de poisson.
À Colombo, nous sommes donc cinq pour l'instant. Marina part en vacances pour un mois, mais elle a prolongé sa mission jusque fin juillet. Manuel reste finalement jusque fin septembre. Il y a donc de fortes chances pour que nous soyons les premiers à partir !
Nos journées sont plus que jamais chargées. Le matin, nous quittons la maison vers 7h40 avec Samuel, Elisa et les trois enfants de nos voisins du CICR. Nous les posons tous à l'école 10 minutes plus tard lorsqu'il n'y a pas trop d'embouteillages et nous arrivons au bureau vers 8h15. Là, le cuisinier nous accueille avec un verre de jus de fruits qu'il vient de préparer et on bosse jusqu'à 13h. Une heure de pause pour le déjeuner (à l'étage, là où logent les expats de passage) et c'est reparti pour un tour, jusque 19h en général. Personnellement, je me sens complètement débordée en ce moment. En plus des tâches courantes (compta, suivi des arrivées, visas et départs d'expats, questions en tous genres du terrain, suivi du personnel local, rapports financiers...) il y a la clôture de fin d'année, la révision de la grille salariale, le rapport d'activité de l'année 2000, l'embauche d'une nouvelle réceptionniste puisque celle qu'on a actuellement à l'essai n'a convaincu personne... Les journées passent trop vite !
Une partie des employés L'organisation du travail au bureau n'est pas encore optimale. Je trouve même que c'est assez bâtard, du côté de l'administration. Il faut dire que juste avant mon arrivée l'administrateur local est parti à la retraite. Il travaillait pour notre ONG à Colombo depuis une dizaine d'années. Il maîtrisait donc pas mal de choses. Tout le monde en avait été satisfait jusqu'à ce que Françoise arrive. Manifestement, ils ne se sont pas bien entendus, ce qui l'a poussé à s'en aller. Bon, Manuel non plus ne l'aimait pas beaucoup : ça a dû aider... Toujours est-il que son poste a été supprimé et que ce qu'il faisait a été réparti sur trois personnes. Déjà, pour assurer la transmission d'information, ce n'est pas l'idéal. Mais en plus, ça nous donne à l'arrivée des profils de poste qui ne sont pas clairs (et de plus, pas très logique...). Il s'occupait des dédouanements : ça, c'est revenu au log appro(visionnement). Rien de plus normal. La gestion des expatriés (réservation des billets d'avion, inscription au "Medical Council" pour le personnel médical, demandes de visas...) a été refilée à Nirmalie, qui était secrétaire-réceptionniste avant. Là, ça va encore. Au moins, c'est une seule personne qui a repris un dossier entier. Mais sur la gestion du personnel local, les choses se gâtent... Nirmalie a les dossiers du personnel mais ça s'arrête là. Ce n'est pas elle qui fait les contrats et elle n'a pas d'autorité sur les autres. Pour tout ce qui est préparation des salaires, assurances et inscription aux caisses de retraite, c'est Srinath qui s'en charge. Quand un nouvel employé apparaît sur un site, c'est Nirmalie qui reçoit un exemplaire du contrat, mais c'est Srinath qui l'inscrit auprès des administrations. Le problème, c'est qu'il n'a pas toujours l'information à temps.
En plus de ces problèmes d'organisation, il y a un problème évident de motivation (ou plutôt : d'absence de motivation !) chez Nirmalie et Srinath. Leur credo : en faire le moins possible ! Par ailleurs, j'ai découvert par hasard (une lettre traînait sur son bureau) que Srinath était le "Managing Director" d'un centre de formation informatique qui se trouve à Moratuwa, à 25 km au sud de Colombo. Autant dire que son travail dans notre ONG n'est certainement pas sa priorité ! Et puis tous les deux travaillent pour notre ONG depuis longtemps (7 ou 8 ans) et à force de voir défiler des expats (qui ont tous leur propre façon de travailler, forcément différente de celle de leur prédécesseur) ils ont tendance à faire de la résistance passive, genre : "cause toujours, dans six mois tu te casses et moi je serai toujours là !". Ce qui se comprend aussi...
Du côté de la logistique, c'est toute une structure qui se met en place. Quand Rémi est arrivé, il y avait un assistant log, un chauffeur-acheteur, 2 chauffeurs et un coursier en touk-touk. Aujourd'hui, il y a un log capitale, un(e) log appro, un chauffeur-acheteur, 2 chauffeurs et le coursier. Un magasinier devrait bientôt être embauché, ainsi qu'un acheteur (qui aura son propre touk-touk) et le chauffeur-acheteur deviendra simple chauffeur.
Départ pour l'école Il y a un mois, une fête de fin d'année a été organisée. Un samedi matin, expats et personnel local de Colombo (avec conjoint et enfants) se sont retrouvés au bureau, où un bus nous attendait pour nous emmener à une cinquantaine de kilomètres au sud, dans un hôtel au bord de la mer. Repas sur place, baignade (dans la mer et dans la piscine) et cadeaux de Noël pour les enfants (Suhantan s'était déguisé). Bon, quand je parle de baignade, il faut quand même savoir que ce genre de distraction est réservée aux hommes. Aucune femme sri lankaise ne s'est déshabillée ! De même, au moment de l'apéritif, elles se sont toutes soigneusement tenues à l'écart de l'endroit où il y avait de l'alcool. De leur plein gré, disent leurs maris. "Elles n'aiment pas ça." Allez savoir ! Les plus jeunes (comme Kavita et son mari) sont moins crispés, mais quand ils se retrouvent dans un groupe, la pression est quand même trop forte. Cela dit, le mari de Kavita a quand même autorisé sa femme à goûter une gorgée de champagne...
Ni Nirmalie, ni Srinath, ni Dharma (l'actuel chauffeur-acheteur), ni Anusha (l'actuelle secrétaire, qu'on va remplacer) n'étaient venus à cette sortie. Ils sont tous cinghalais et n'ont pas voulu se mêler au reste du personnel, qui est tamoul... Cela en dit long sur les (im)possibilités de faire revenir la paix sur le pays !
De manière générale, les ONG sont accusées de soutenir le LTTE. C'est évidemment ridicule ! Effectivement, nos projets se trouvent tous en zone tamoule... mais c'est là que la population a besoin d'aide ! Quant à notre personnel, s'il est à majorité tamoule à Colombo (bien que la population soit plutôt cinghalaise) ce n'est que le fait du hasard. Cela dit, si on s'en réfère au personnel de notre ONG, les tamouls sont bien plus bosseurs et motivés que les cinghalais...
En touk-touk Les enfants se sont maintenant bien habitués à passer l'après-midi seuls avec Kavita. Samuel ne nous téléphone plus au bureau en demandant "vous arrivez bientôt ?". Il faut dire aussi qu'il est invité de temps en temps chez des copains. En général, Elisa reste à la maison : les "grands" ne veulent pas d'elle... À part ça, Samuel prend des cours de karaté le lundi après-midi. Et son instit se creuse la tête pour lui trouver un programme spécial : il a peur qu'il ne s'ennuie à l'école parce que tout est trop facile pour lui... Il a perdu quatre dents et une seule a vraiment repoussé pour l'instant, ce qui lui donne un sourire assez particulier. Quant à Elisa, elle n'a pas fait pipi au lit une seule fois depuis qu'on a décidé de ne plus lui mettre de couche. Comme quoi, c'était de la pure fainéantise de sa part ! Par contre, elle a pris la mauvaise habitude de débarquer dans notre lit au milieu de la nuit, ce qui nous réveille invariablement. Du coup, depuis une dizaine de jours, nous fermons la porte de notre chambre à clé. Et il n'y a plus de problème ! Elle avait une carie sur une prémolaire ; je l'ai emmenée chez le dentiste et elle a été d'une sagesse incroyable. Il faut dire que sa dent ne lui faisait pas (encore) mal. Il a juste fallu la nettoyer et mettre un pansement. N'empêche que ça m'a surprise de la voir se laisser faire comme ça !
Samuel lit maintenant presque couramment. Il faut dire qu'il a une motivation puissante : les cartes Pokemon. Eh oui ! La plupart d'entre vous a certainement déjà entendu parler de ces cartes qui font un malheur dans toutes les cours de récréation du monde. On peut juste les collectionner, mais on peut aussi jouer avec. Faire des "combats de Pokemon". Comme ils ont tous des attaques différentes, il faut savoir lire ce qui est marqué sur la carte pour pouvoir jouer correctement.

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