Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
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Le 5 mars 2003, de Chacao (Chili)
 

Bonjour tout le monde

LA CARTE

Déjà un mois que nous sommes arrivés à Chiloé. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce séjour aura été fertile en émotions ! Par où commencer ?
Eglise de Quetalco Le soleil est arrivé en même temps que nous sur la grande île. Après les jours de pluie continuelle vécus sur la Carretera Austral, dans le sud du Chili, il nous a fait le plus grand bien. Elisa, surtout, avait eu un gros coup de cafard de deux jours. Elle réclamait pêle-mêle une peluche de Mickey restée en France, ses copines, son institutrice... et même celle de la classe d'à côté. Le voyage était trop long ; elle voulait rentrer en France. Aujourd'hui, tout cela est oublié.
Chiloé, c'est un de nos coups de coeur de 1994. Nous y avions passé trois mois, à Queilen, dans le sud, avec le Père Joseph, un missionnaire belge débarqué sur l'île trente ans plus tôt. Nous ne pouvions pas revenir en Amérique du Sud sans y repasser. C'est donc par là que nous avons commencé. Le Père Joseph n'y était pas puisqu'il officie maintenant à Chacao, tout au nord. Mais quand même...
Le caractère insulaire de Chiloé, allié à la présence de Jésuites pendant un siècle et demi, a forgé une identité chilote particulière. Le chilote est réputé travailleur. L'éducation est pour lui une valeur essentielle. Mais ce qui attire surtout les touristes à Chiloé, ce sont les églises. De superbes petites églises tout en bois recouvertes de "tejuelas" : comme des écailles de poisson, ou les tavaillons des Hauts Savoyards. Sur tout l'archipel, on en dénombre près de deux cents. Dix-sept d'entre elles ont été classées Patrimoine de l'Humanité par l'Unesco, en l'an 2000.
L'île mesure environ 250 km, du nord au sud. Pourtant, il nous a fallu une semaine pour rejoindre Chacao. C'est que nous avons un peu musardé en route, suivant la trace de ces fameuses églises. (Voir aussi notre Arrêt sur image : Chiloé, Terre de légendes).
A Chacao, cela a été une grande joie de retrouver le Père Joseph. Toujours vaillant malgré ses 77 ans et quelques problèmes de santé. Toujours d'un optimisme débordant, malgré l'incendie de son presbytère en septembre dernier ! La maison était en bois, comme toutes celles de l'île et les pompiers ont tardé plus d'une heure avant d'arriver : tout avait déjà brûlé... Pourtant, le Padre (comme on dit ici) a trouvé matière à se réjouir et à jouer un petit air d'harmonica (il se trouvait dans la poche de la veste qu'il avait attrapée en vitesse avant de sortir de la maison en pyjama) : après tout, il était vivant (ainsi que les deux autres personnes présentes dans la maison cette nuit-là) et toute la communauté avait accouru pour l'aider. Pourquoi pleurer et se lamenter sur ce qui était perdu ?
Elisa devant l'église de Terao La porte du Padre étant toujours grande ouverte, nous avons fait la connaissance de plusieurs Belges et Français qui lui rendaient visite. Notamment Stéphanie, Marguerite et Ombline, trois jeunes Françaises qui voyageaient pour faire un mémoire de fin d'études sur le micro-crédit (salut, les filles !). Et puis Jean-Claude et Cécile ont aussi pointé le bout de leur nez et les enfants ont encore été ravis de passer quelques jours ensemble. Un vrai bonheur de se retrouver ainsi, comme en famille, autour d'un homme qui irradie tellement de lumière et d'énergie qu'il en donne à tout le monde...
Quand nous l'avions contacté pour lui annoncer notre venue, le Père Joseph avait laissé entendre qu'il comptait sur nous pour rester quelques mois. Le temps pour Rémi de lancer la reconstruction du presbytère et pour moi de restaurer sur informatique ce qu'on avait pu sauver des flammes des registres paroissiaux. A l'arrivée pourtant, tout ne s'est pas annoncé si simple... C'est que le Père Joseph n'est plus seul. Il cohabite avec le Père André, un autre Belge débarqué en même temps que lui, en 1964. Et autant l'un est généreux, ouvert, gai et désordonné, autant l'autre est grippe-sou, froid et rigide. Sans parler de ses sempiternelles petites remarques acides sur la gent féminine (espèce inférieure et écervelée, comme chacun sait). Deux êtres aussi différents ne peuvent évidemment pas être sur la même longueur d'onde. Outre le fait qu'on ne sait plus trop qui décide quoi, l'ambiance est nettement moins agréable. Nous ne savions donc plus trop sur quel pied danser.
C'est ce moment que Rémi a choisi pour s'abîmer le genou gauche en montant un escalier trop vite (et pas parce qu'il ne savait pas sur quel pied danser...). Depuis deux semaines environ, ce genou lui faisait mal. Sachant qu'il a déjà été opéré deux fois, nous craignions le pire. Rémi ne pouvait plus s'appuyer sur son pied et se voyait déjà rentrer en France pour une nouvelle opération.
Petit à petit, pourtant, les choses s'arrangent. Rémi boîte toujours, mais il marche presque normalement et il n'a plus mal. Lundi, il est allé à l'hôpital à Puerto Montt, consulter une spécialiste. D'après elle, tout va bien. Le ligament réparé en 1998 tiendrait toujours. La douleur proviendrait d'un muscle fessier qui comprime des nerfs. Et ce muscle ne serait pas dans son état normal parce que Rémi est trop stressé. Des problèmes d'argent, sans doute ? Bref, elle lui a prescrit un médicament pour aider à la formation des cartilages (qui seraient abîmés) et un autre pour le relaxer. Dernier conseil : "il faut arrêter de stresser en pensant à l'avenir et profiter du présent". C'est ce que nous faisons depuis toujours !
Couleurs de Chiloé (Aituy) Entretemps, le Père Joseph avait ouvert sa porte à Alberto, un Chilien d'une trentaine d'années, débarqué avec son fils Matías de trois ans. Il arrivait de Santiago, à la recherche du Père Mariano (un prêtre qui était basé à Santiago avant et qui se trouve maintenant sur l'île de Chiloé) et surtout d'un travail pour se nourrir et nourrir son fils. Nous avons passé le samedi après-midi tous ensemble sur les routes du coin, demandant partout s'il n'y avait pas un travail pour lui. Finalement, nous l'avons ramené à Chacao et il logeait avec nous dans la maison paroissiale.
Hier matin, Alberto et Matías ont disparu de la maison. Ils ont pris la fuite, un quart d'heure à peine avant que nous allions prendre le petit déjeuner. Nous ne l'avons pas vu tout de suite, mais seulement une heure plus tard, quand nous avons aussi constaté la disparition de notre ordinateur... Celui-ci se trouvait, comme toujours, dans son sac dans la salle commune. La tentation a dû être trop forte.
Aussitôt, Rémi est allé à l'embarcadère. Là, un marinier a confirmé avoir vu un homme accompagné d'un petit garçon peu avant 9 h. Nous avons donc contacté tout de suite les carabiniers. Alberto était manifestement parti pour Puerto Montt (ou plus loin), mais il était encore temps de l'arrêter. Encore aurait-il fallu que les carabiniers se bougent un peu... Mais ce n'est que vers midi que l'un d'entre eux est venu à la maison paroissiale voir ou avait dormi Alberto et prendre des renseignements. Dans la chambre, il restait la plupart de ses vêtements (il avait dû faire de la place dans son sac pour mettre l'ordinateur) ainsi que les jouets du petit. Le carabinier n'a même pas regardé dans les poches s'il avait oublié un papier d'identité.
Le détroit de Pargua Inutile de dire que nous ne croyons absolument pas à la réapparition de l'ordinateur... Or dans le sac il y avait aussi l'imprimante portable, les câbles, les accessoires de l'appareil photo numérique... Nous ne pouvons même plus recharger sa batterie. Bref, nous avons toujours l'appareil, mais il ne sert plus à grand-chose... Par ailleurs, nous nous sommes rendu compte plus tard qu'Alberto avait aussi volé la Game Boy de Samuel. Pour lui, ça a été un véritable drame : tous ses jeux Pokémon envolés le même jour... Il encaisse, mais sur le coup ça a été difficile.
De notre côté, ce qui nous désole le plus, ce sont les 6 ou 700 photos numériques triées et annotées sur le disque dur. Nous n'avions pas encore pris le temps de faire une sauvegarde sur CD ; elles sont donc définitivement perdues. Et nous ne pourrons même plus stocker les suivantes sur un disque dur... puisque nous n'avons plus d'ordinateur ! Ce courrier, je le prépare sur l'ordinateur du Père André.
Voilà donc les dernières nouvelles. A part ça, la vie continue, le voyage aussi et nous n'allons pas tarder à quitter Chiloé pour retourner en Argentine. Samuel retrouve son sens de l'humour : "maintenant, vous ne râlerez pas que je passe trop de temps scotché sur l'ordi ou la Game Boy". Peut-être un signe du destin pour réapprendre à vivre sans technologie ?
Plein de bises à tous et une pensée particulière pour Daniel et Laurent dont c'est l'anniversaire aujourd'hui.

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

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