Afrique de l'Ouest 1990
Peu d'images de ce second séjour en Afrique de l'Ouest. Et pour cause... Nous nous sommes fait voler notre sac photo au Maroc, sur le chemin du retour !
Janvier 1990. Depuis plusieurs mois, nous rêvons de retourner en Afrique de l'Ouest. Au Togo, très exactement. Pour y travailler ! Notre ami Zassor, rencontré au milieu du Sahara en 1988, a en effet proposé à Rémi de prendre en charge sa compagnie de transport de Lomé. Il a également acheté deux nouveaux bus réformés au Danemark, qui sont pour l'heure stationnés chez les parents de Rémi et qu'il va falloir convoyer jusqu'au Togo.
Mais Zassor a beau vivre au Danemark depuis un certain nombre d'années, il n'en reste pas moins africain... et l'organisation n'est pas son point fort. De passage à Genève, il nous apprend ainsi qu'il n'a pas d'argent pour financer le trajet des bus vers le Togo : il vient d'acheter un lot de voitures Mercedes...
Bref, il faut se faire une raison : nous n'allons pas vivre à Lomé. Mais ce rêve d'Afrique, si longtemps caressé, ne peut pas s'évanouir ainsi. Rassemblant nos économies, nous faisons l'acquisition d'une vieille Peugeot 504 : c'est décidé, nous allons passer du côté des "descendeurs".
Thierry, un ami, décide de nous accompagner et achète une seconde voiture. Maguitte, la mère de Rémi se joint finalement à l'équipe et c'est à quatre que nous prenons la route du Sud ce 18 janvier 1990.
La traversée de l'Espagne n'est qu'une succession de petits matins frais. Nous dormons tout simplement dans les voitures, après avoir allongé les sièges et le matin, le chauffage est le bienvenu pour nous aider à sortir de nos duvets.
Arrive le Maroc, la terre natale de Maguitte, et il ne fait guère plus chaud. La neige nous surprend même dans les contreforts de l'Atlas. Autant dire que nous ne faisons pas de vieux os et, ayant passé la frontière avec l'Algérie, obliquons rapidement vers le sud.
Bientôt, c'est de nouveau la magie du désert. Avec en point d'orgue un lever du soleil sur le massif de l'Assekrem que nous dégustons sans modération, enroulés dans nos duvets près de l'ermitage du Père de Foucault...
A Arlit, notre ami Thierry (qui quitte l'Europe pour la première fois) découvre avec stupeur la drague à l'africaine : il ne discute pas depuis plus de dix minutes avec une fille quand elle lui lance
- Tu viens ? Ce soir, j'ai envie d'un Français !
Arrivés à Niamey, nous vendons notre 504. Maguitte a repris l'avion pour la France, c'est donc à trois que nous continuons notre route, dans la voiture de Thierry.
Comme deux ans plus tôt, nous traversons le Burkina Faso, descendons le Togo jusqu'à Lomé puis rejoignons Cotonou, au Bénin. C'est là que nous apprenons le futur mariage du frère de Rémi. Un fan de Coccinelle. Et des Coccinelles, au Bénin, il y en a ! Des modèles assemblés au Nigeria voisin, avec des pièces fabriquées au Brésil. Des modèles uniques. Il n'en faut pas plus pour qu'une idée folle germe dans notre esprit : rentrer en France en Coccinelle.
Thierry vend à son tour sa voiture. De notre côté, nous faisons l'acquisition d'une superbe VW Coccinelle bleue que nous baptisons Beeble. Cap au Nord !
Dans ce sens, l'entrée au Niger est beaucoup plus facile. Moins de taxes, moins de fouilles et un accueil complètement différent. A l'aller, dans notre 504 "Pigeot", nous étions des "descendeurs" venus, comme beaucoup d'autres, faire du commerce. Au retour, nous suscitons sympathie et étonnement : aucun Blanc ne traverse le désert en voiture du Sud vers le Nord.
A Agadez, Thierry décide soudain de jeter l'éponge : il prend l'avion pour la France. Beeble aussi a un accès de faiblesse : il faut sortir le moteur et déculasser. Rémi s'en charge, avec l'aide (et l'hospitalité) d'un garagiste. Mais Beeble n'est pas sitôt prête à reprendre la route qu'un camion faisant voler du gravier lui explose le pare-brise...
Heureusement, il ne s'agit que d'un verre plat. Nous pouvons en faire tailler un aux bonnes dimensions.
Trosième traversée du Sahara. Le désert nous envoûte toujours autant. Pour un peu, nous ferions exprès de ralentir l'allure pour y passer quelques nuits de plus. Quoi de plus magique, en effet, que ces bivouacs sous la lune, dans un silence de cathédrale ?
Notre autonomie en nourriture et la durée de notre visa algérien nous obligent pourtant à garder les pieds sur terre... et à nous arracher à nos rêves. Il faut continuer la route.
Au Maroc, nous atteignons Casablanca juste à temps pour aider Christophe et Babeth à déménager. Leur tentative d'installation au Maroc n'est pas concluante, ils ont décidé de rentrer en France. Circulant tous les deux à moto, ils n'ont guère de place pour les bagages. D'autant que Babeth, artiste peintre, ramène un certain nombre de tableaux ! Beeble se retrouve chargée jusqu'au toit.
C'est au matin de notre dernier jour sur le continent africain qu'en ouvrant la tente Rémi surprend un homme en train de fouiller dans la voiture. Le bruit de la fermeture éclair suffit à le faire partir, mais nous constatons vite qu'il n'est pas parti les mains vides : notre sac photo a disparu, avec la quasi-totalité du matériel et les pellicules exposées. Malesh...
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