Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

 Amérique du Sud 2002-2004
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Le 2 octobre 2003, de João Pessoa (Brésil)
 

Bonjour tout le monde

LA CARTE

En quittant Brasilia, nous avons d'abord pris la direction du nord pour entrer dans l'état de Bahía que nous avons ensuite traversé de part en part pour rejoindre la côte. Sur le premier tronçon (en direction du nord), c'est une zone d'immenses fazendas. De chaque côté de la route, des pistes partent à angle droit. Des panneaux indiquent laconiquement : siège de la fazenda à 49 ou 76 km.
Au bord de la route, il y a des silos énormes (soja, mil...) mais aussi des entrepôts de coton. Les champs sont si grands que plusieurs tracteurs (éloignés de plusieurs centaines de mètres) sont nécessaires pour les parcourir de front. Ceux-ci ressemblent d'ailleurs plus à des engins de travaux publics qu'à des tracteurs ordinaires et les épandeuses qui servent à répandre de l'engrais mesurent une bonne demi-douzaine de mètres de large. Certains propriétaires n'hésitent pas à installer un petit aérodrome près de la route pour se déplacer plus rapidement sur leurs terres...
Bivouac en station-service Dans cette zone, les villes sont rares : on peut parcourir 300 km sans rencontrer d'agglomération. Elles sont aussi plus petites. Une ville de 100.000 habitants (considérée, au Brésil, comme un gros village) paraît tout de suite plus importante.
Depuis notre entrée dans le pays, les moto-taxis font partie du décor. Souvent, les pilotes ont un gilet fluorescent portant le nom et le numéro de téléphone de leur compagnie. A l'arrière de la selle, un casque est maintenu par un filet : c'est qu'ici il est obligatoire. Par contre, on voit couramment des gens torse nu sur leur moto. Voire pieds nus !
La nouveauté maintenant, ce sont les accessoires ajoutés à la moto. La remorque : pour transporter des meubles. Le side-car : pour la livraison des bouteilles de gaz. Des supports pour bonbonnes d'eau de 20 l en guise de sacoches... Nous avons même vu une fois un side-car équipé en porte-moto ! C'était le véhicule d'un atelier de réparation.
En continuant vers l'est, la terre devient plus sèche. Les fazendas (ou plutôt les champs cultivés) disparaissent au profit du "monte" : fouillis plus ou moins impénétrable de broussaille. Des cactus pointent le bout de leur nez. Des chèvres broutent sur les bas-côtés.
Le goudron se détériore aussi. Les trous occupent maintenant la moitié de la chaussée. Il faut slalomer, rétrograder, parfois même préférer les bas-côtés ! De nombreuses personnes font mine de reboucher les trous quand un véhicule approche... et tendent la main. Dès 5 ou 6 ans, les enfants s'y mettent, outillés d'une boîte de conserve vide qui leur permet de jeter vaguement un peu de poussière sur la route. Mais qui donne ? Nous n'avons jamais vu personne le faire.
A Feira de Santana, la première vraie grosse ville depuis Brasilia, nous nous mettons à la recherche d'un bendix pour le démarreur. La réparation de Cuiaba ne tient pas : il est de plus en plus difficile de démarrer. A Brasilia, déjà, Rémi avait cherché la pièce. Mais personne ne l'avait en stock. Comme ce n'était pas encore trop urgent, nous avons continué notre route. Mais maintenant, il faut vraiment faire quelque chose !
Paysage de l'état de Bahía La pièce demeurant introuvable, Rémi contacte le fabricant, à São Paulo. Mauvaise nouvelle : la référence qui correspond au fourgon n'est fabriquée que pour l'exportation. Nous ne la trouverons donc nulle part au Brésil ! Bon, il y a quand même une solution : c'est de la commander spécialement pour nous. Pour cela, nous devons passer par un distributeur. Celui de Feira de Santana nous annonce une semaine de délai. Cela nous paraît énorme.
- On verra plus tard. A João Pessoa, par exemple, puisqu'on a du courrier qui doit y arriver.
A Alagoinhas (à une centaine de kilomètres de Salvador) nous partons à la recherche d'une communauté de Frères de Taizé, dont le Padre Jose nous avait parlé à Chiloé. Ils sont 7, de 6 nationalités différentes et ils sont installés dans l'un des bas-quartiers de la ville. Ici, les trois quarts de la population sont au chômage. C'est dire qu'on ne mange pas tous les jours à sa faim.
Tous les après-midis, l'un des Frères supervise la "brincadeira" : tous les enfants du quartier sont invités à venir jouer ensemble. On leur donne aussi un goûter (des fruits), ce qui améliore leur ordinaire. Ceux dont c'est l'anniversaire repartent également avec un gâteau à partager en famille. Mais la brincadeira est aussi le théâtre de nombreuses bagarres. Les enfants (surtout les garçons) se cherchent sans arrêt. Leurs relations sont basées sur la domination de l'autre, parfois de façon très violente. Un petit garçon d'environ 6 ans n'a pas hésité, par exemple, à en mordre un autre à la gorge devant nous.
Pour vivre, les Frères ont un atelier de fabrication de vitraux. Ils produisent également des icônes et des bougies. Installés depuis les années 70, ils soutiennent aussi, par le biais d'une fondation, une école du quartier, des crèches et des résidences pour personnes âgées. L'école a la particularité d'accueillir des enfants présentant un handicap : surdité, cécité, ou les deux ensemble (voir notre Arrêt sur image : l'école des laissés pour compte, à Alagoinhas).
Nous avons passé 5 jours à Alagoinhas, le fourgon garé dans le jardin des Frères. Il y avait aussi 5 jeunes Français venus s'investir dans l'école. Quatre d'entre eux, étudiants en école de commerce et membres d'une troupe de théâtre, montaient un spectacle avec les élèves. Le cinquième, Sami, est encore là pour plusieurs mois. Il travaille avec les aveugles, par exemple pour leur faire faire du sport. Une idée qui n'avait jamais effleuré personne ! Sami étant lui-même aveugle, il sait parfaitement de quoi il parle. Et son énergie ne peut qu'être un exemple pour les autres.
Cours d'informatique pour de jeunes sourds Les Frères sont accueillants mais paradoxalement peu disponibles. Seul Cristovão (ou plutôt Krzysztof, puisqu'il est polonais) nous a vraiment donné l'impression d'être les bienvenus. Nous avons beaucoup parlé avec lui. Du fonctionnement de la fondation, de recherche de financements, d'informatique puisque nous avons travaillé avec lui sur le site qu'il est en train de mettre au point...
C'est d'ailleurs à Alagoinhas que notre ordinateur portable a décidé de nous jouer un bien mauvais tour. Nous étions en train de préparer une nouvelle sauvegarde de nos données quand soudain : plus rien. Ecran figé, souris inaccessible. Impossible de relancer la machine. Pensant d'abord que c'est un problème d'alimentation (pourtant, il était branché sur secteur), nous laissons à la batterie le temps de se recharger un peu. Toujours rien. L'écran reste noir.
Un malheur n'arrivant décidément jamais seul, le jour de notre départ de Alagoinhas, le démarreur déclare complètement forfait. Désormais, il faut pousser. Autrement dit : se garer dans un endroit en pente ou trouver de la main d'oeuvre ! Lorsque ces conditions ne peuvent pas être remplies, il n'y a plus qu'à laisser le moteur en route.
Très vite, nous quittons l'état de Bahía pour entrer dans celui, beaucoup plus petit de Sergipe (capitale : Aracaju). Désormais, nous sommes proches du bord de mer. Et comme la saison des pluies, normalement terminée, joue les prolongations, il pleut tous les jours. Parfois copieusement. Il devient difficile de faire sécher du linge dans le fourgon. Quant au papier toilette, il ressemble à une vieille serpillère !
Inutile de dire qu'un tel taux d'humidité dans l'air n'est ni agréable, ni très sain. Samuel commence à souffrir de dermatose : plusieurs orteils de son pied gauche se couvrent de petites cloques qui finissent par éclater, libérant un liquide transparent et épais qui colle.
- On dirait un pied de pépé ! S'exclame-t-il, dégoûté.
Trois lavages à l'eau savonneuse par jour, assortis de l'application de la pommade qui avait fait merveille sur l'impetigo d'Elisa, et les cloques finissent par disparaître. Bientôt, son pied sera tout neuf.
Champs de canne à sucre Après avoir traversé un autre petit état (celui d'Alagoas, dont la capitale est Maceio) nous sommes arrivés à Recife le 11 septembre. Toute cette zone est couverte de champs immenses de canne à sucre, mais la coupe se fait toujours à la main. La main d'oeuvre est tellement bon marché que cela ne vaut pas le coup de mécaniser la récolte.
La canne à sucre sert évidemment à fabriquer du sucre (ou le jus de canne que l'on trouve en vente partout dans la rue) mais elle sert aussi à fabriquer de l'alcool pour les véhicules qui l'utilisent comme carburant. Le Brésil disposant de faibles réserves pétrolières, l'état avait beaucoup misé sur ce carburant parallèle, développant toute une technologie particulière. Et puis dans les années 90, il a fallu négocier un rééchelonnement du remboursement de la dette extérieure du pays. Les instances internationales concernées (FMI, Banque Mondiale), largement à la botte des USA, ont alors imposé un plus grand recours au pétrole. Les compagnies pétrolières nord-américaines ne voulaient pas se priver d'un marché aussi grand que le Brésil ! Après, on nous parle d'aide au développement... Ce genre de mesure ne sert pas à tirer un pays vers le haut, mais à l'assujettir un peu plus aux intérêts économiques du Nord.
Le fourgon nous a causé de nouveaux petits soucis : une fuite de diesel qui nous a bien graissé le haillon arrière et un pot d'échappement dessoudé. Il a fallu faire réparer. Les ouvriers ont ensuite été bons pour pousser...
Mais la première chose que nous avons faite en arrivant à Recife a été de commander notre bendix. Chez le premier distributeur, c'est la douche froide : deux semaines de délai et 90 € ! Heureusement, il y en a un autre qui nous annonce, lui, une semaine de délai et 30 € seulement. Pourquoi une telle différence ? Mystère. En tout cas, nous avons vite choisi. Maintenant, des grèves dans le service postal viennent pimenter l'histoire. Et la semaine de délai est déjà passée...
Pour l'ordinateur, nous avons dû trouver la boîte qui s'occupe du service après-vente Toshiba. Pas si facile ! Ensuite, le diagnostic est tombé : carte-mère hors service. Il faut la faire venir d'Europe. Délai : 30 jours...
En attendant, nous avons fait reconditionner nos amortisseurs avant qui présentaient des signes de faiblesse, ainsi qu'un cardan que Rémi avait dû changer (soufflet déchiré). Nous nous sommes aussi renseignés pour faire refaire le haut moteur. Chez VW, ils semblaient incapables de trouver les pièces nécessaires. Dans une autre boîte, on nous a dit que ce n'était pas utile pour l'instant. Du coup, comme cela n'a pas l'air simple, nous préférons attendre.
Les premiers jours, fidèles à notre habitude, nous étions installés dans une station-service, au milieu des camions. L'avantage, c'est qu'il y a toujours quelqu'un pour aider à pousser ! D'autant plus qu'en général les gens sont très serviables. Jusque dans les entreprises. Nous avons ainsi déjà eu droit à des gestes commerciaux étonnants. Chez VW, où on nous a vérifié gratuitement le niveau de boîte à vitesses. Ou dans un atelier où on a refusé de nous faire payer le nettoyage du filtre à air.
A partir du 14 septembre, nous avons pourtant trouvé un endroit beaucoup plus agréable que la station-service. C'est Cristovão qui nous avait donné l'adresse d'un franciscain dans la région. Frei Angelino est brésilien. Il vit en ermite dans une petite maison perdue dans la campagne à une demi-heure du centre de Recife. Mis au courant de notre situation, il nous a tout de suite proposé de rester chez lui. Nous avons continué à dormir dans le fourgon, mais l'environnement était beaucoup plus agréable.
Bricolage chez Frei Angelino Frei Angelino s'étant absenté près d'une semaine, nous nous sommes vraiment senti chez nous et en avons profité pour bricoler un peu. Personnellement, j'ai fait beaucoup de lessive : les vêtements, bien sûr, mais aussi les serviettes, torchons, housses de coussins. Rémi a encore perfectionné le fourgon. Un tiroir à couverts est apparu dans l'espace entre le frigo et la plaque de cuisson. Des étagères sous l'évier. Un placard à linge sale. Des hauts-parleurs à l'arrière.
Le 24 septembre, nous avons récupéré le bendix. Après l'avoir mis en place, Rémi a découvert que le solénoïde ne marchait pas non plus. Il a donc fallu de nouveau partir à la recherche d'une pièce de rechange... Mais cette fois, nous avons trouvé plus facilement. Donc, le démarreur fonctionne de nouveau. Les seuls à en être déçus sont Samuel et Elisa : cela les amusait beaucoup de pousser le fourgon !
Reste maintenant à solutionner le problème de l'ordinateur... Histoire de changer un peu d'air en attendant, nous sommes venus dans la région de João Pessoa. A l'Alliance Française, nous avons récupéré notre courrier. Par contre, toujours pas de cours du CNED : ceux de Samuel tardant beaucoup, Bruno et Nadine n'ont pu nous envoyer le colis que le 29 septembre. Et encore : il manque des livres pour Samuel. Maintenant, il faut que ça arrive jusqu'à nous... Après, le CNED nous demande de commencer à travailler début septembre et de respecter le calendrier des vacances. Encore faudrait-il que eux respectent leurs délais !
Voilà donc où nous en sommes actuellement. Comme vous voyez, les péripéties ne manquent pas. Mais après tout, ce sont elles qui mettent du sel dans l'aventure ! Il faut juste apprendre à rester zen... Ce qui n'est pas toujours facile ! Tiens, d'ailleurs, "Zen", c'est la marque de notre nouveau bendix.
Sinon, nous fêtons aujourd'hui notre première année de voyage. Déjà...
Grosses bises à tous et à la prochaine.

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

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