Une famille autour du monde
 

MISSIONS HUMANITAIRES

 Sierra Leone 2005-2006
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Freetown, vue générale

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Le 18 avril 2006 : la reprise

Bonjour tout le monde

Nos premières vacances viennent de s'achever. Les dernières aussi, puisque notre mission approche maintenant de sa fin. Des problèmes de papiers nous empêchant de quitter le pays, nous avons juste passé quelques jours sur une plage, suffisamment loin de Freetown, dans une zone sans couverture cellulaire, pour être sûrs de ne pas être rattrapés par le travail.
Depuis notre dernière mise à jour, les choses se sont bien arrangées à Freetown. L'équipe administrative est de nouveau au complet, avec une secrétaire embauchée le 15 mars, un adjoint finances embauché le 20 et une adjointe RH embauchée le 27. Benjamin et Hannah, les deux derniers, ont déjà eu une expérience avec une ONG française dans des postes similaires, ce qui en faisait des candidats particulièrement intéressants.
Echassier sur la plage En parallèle, un admin support expatrié est arrivé fin février pour me soulager de toute la partie finances. Car le staff attendait avec impatience la révision de la grille de salaires promise par l'administratrice précédente pour... septembre 2005. Mon support a donc pris en charge la formation de la secrétaire et du nouvel adjoint finances, en même temps qu'il s'appliquait à résorber le retard accumulé sur la compta du fait du manque d'effectif. Pendant ce temps, j'ai pu finaliser, en collaboration avec Rémi et Domi, une proposition de grille de classification et de grille de salaires qui n'a pas pu être complètement avalisée par le siège, les personnes chargées des RH nationales faisant preuve d'une méconnaissance du terrain et d'une rigidité assez étonnantes. Il a fallu dépenser à essayer de les convaincre un temps et une énergie qui auraient été bien plus utiles ailleurs. Notre responsable de programme a fini par nous donner carte blanche, contre leur avis, pour que les choses avancent... Finalement, l'augmentation de salaires n'a pas pu être appliquée en mars comme je l'avais promis, mais elle va l'être en avril. Ce qui, compte tenu des difficultés de ces derniers mois, relève déjà de l'incroyable.
Quant à notre admin support, il est arrivé fin février (juste avant le départ de Stefany) et repart cette semaine. On nous avait annoncé un admin expérimenté et je m'attendais à voir arriver quelqu'un avec trois ou quatre ans de terrain. En fait, il avait fait deux missions courtes, lors d'ouvertures, totalisant huit mois de travail. Et s'il est incollable sur la théorie des procédures, il était loin de maîtriser tous les outils comptables à son arrivée. Bon, il a quand même donné un sacré coup de main (tout en se formant lui-même), mais je ne crois pas qu'il ait compris qu'on ne peut pas travailler de la même manière à l'ouverture d'une mission et lorsqu'elle est déjà vieille de quinze ans. Le fait qu'il ait à former du personnel neuf lui a manifestement donné l'impression qu'il faisait une nouvelle ouverture. C'était oublier qu'ici une structure existe depuis longtemps, avec son propre mode de fonctionnement, et qu'il est hors de question de tout chambouler. L'incessant turnover des expats (avant moi, il y a eu trois administrateurs différents en l'espace d'un an) est assez déstabilisant comme ça pour le staff national, pas la peine de chercher à tout révolutionner à chaque fois.
Si à Freetown les choses se sont bien améliorées, à Makeni ce n'est pas encore le cas. L'équipe logistique est enfin au complet, avec un nouvel adjoint transféré de Bo et un nouveau logisticien vraiment bon, qui aurait aussi bien pu faire l'affaire pour les postes finances et RH à Freetown. Mais c'est avec l'administrateur que les choses se sont corsées.
Jardins potagers J'étais arrivée avec l'information qu'il fallait le surveiller de près. On soupçonnait des irrégularités, mais sans trop savoir de quel ordre. Ces dernières semaines, les langues se sont déliées et certains membres du staff ont commencé à dire qu'il les rackettait. La manip était simple : à chaque paiement, il donnait moins que le montant pour lequel l'employé signait. Si celui-ci refusait, il était menacé de perdre son emploi. Apparemment, ce sytème fonctionnait depuis plusieurs années et fonctionnait d'autant mieux qu'à la peur de perdre son poste s'ajoutait une peur bien moins rationnelle. Notre administrateur ferait en effet partie d'une société secrète (elles sont nombreuses en Sierra Leone) dont les membres seraient dotés de pouvoirs aussi flous qu'inquiétants...
Un gardien occasionnel avait accepté de faire un témoignage écrit mais il était le seul. C'était trop léger pour le licencier pour faute grave. Pour cela, il aurait fallu plusieurs témoignages. Mais les autres avaient peur... Finalement, l'administrateur a préféré démissionner plutôt que de risquer un licenciement. Un nouveau recrutement est donc en cours, mais c'est à se demander si cette base va un jour pouvoir fonctionner normalement. Certains financeurs soutiennent que les postes de log-admin sur les bases ne servent à rien. Pourtant, quand on voit les problèmes générés par l'absence de log-admin sur Makeni et le temps que cela prend de remettre les choses en état de marche, on ne peut qu'être convaincu de la nécessité de ce poste.
De l'équipe administrative présente à mon arrivée, il ne reste donc plus que Musa, l'administrateur de Bo. Et lui, j'espère qu'il va rester ! Il est efficace, rigoureux et ne cesse de s'améliorer. Un futur expatrié en puissance.
Du côté de la logistique à Freetown, ces deux derniers mois ont été assez calmes. Seul fait marquant : le dédouanement de frets aériens (des pompes pour l'activité eau et assainissement et un phare de camion) qui a pris la bagatelle de... six semaines ! C'est dire comme les administrations locales fonctionnent bien : ce genre de chose ne devrait pas prendre plus de trois ou quatre jours (voire quelques heures en France).
A Bo, les deux expatriés ont changé. Ils étaient là depuis un an et demi. A Makeni, aucun remplaçant n'a encore été identifié pour Nicole. Elle va donc prendre un break début mai... et je vais aller jouer à l'administrateur de base car même si quelqu'un a pu être recruté d'ici là il ne pourra pas assurer tout seul.
Bâtiment en construction A la maison, nous avons de nouveau changé d'employée, après que la précédente ait fouillé dans le placard (fermé à clé) où nous rangeons notre argent. C'était manifestement juste un repérage : elle n'avait rien pris. Nous ne lui avons pas laissé le temps de renouveler l'expérience. C'est Binta, la mère de Sara (la copine d'école d'Elisa) qui nous a trouvé la remplaçante. Jeneba travaille avec nous depuis maintenant un mois et tout se passe bien. Pourvu que cela dure !
Plus globalement, la Sierra Leone a fait un peu parler d'elle le mois dernier, lorsque Charles Taylor, l'ancien président du Liberia, poursuivi pour crimes de guerre et contre l'humanité, a été transféré à la Cour Spéciale de justice de Freetown après son arrestation au Nigeria. Pas de quoi déstabiliser le pays : ici, on s'intéresse plus à l'officialisation du PMDC (un nouveau parti politique qui vient de finir sa période probatoire) et aux problèmes de sécurité qui augmentent en ville (attaques à main armée à la nuit tombée le long de la plage). N'empêche que pour Rémi il y a eu une semaine chargée : entre la saga Taylor et le rapatriement sanitaire de Lansana Conteh (le président guinéen) en Suisse, il a fallu suivre l'actualité presque heure par heure : dans cette région, tout peut basculer très vite. Finalement, l'arrivée de Taylor à Freetown n'a pas remué les foules et Lansana Conteh est rentré à Conakry en bonne santé. La situation reste "calme et stable" selon l'expression consacrée.
En-dehors de cela, on s'affaire dans les jardins potagers, parfois au coeur même de Freetown. On construit aussi beaucoup, profitant du fait que la saison des pluies n'a pas encore vraiment recommencé. Les échaffaudages sont construits en "bush sticks", des morceaux de bois qui n'atteignent pas les dix centimètres de diamètre. Sur plusieurs étages, c'est toujours un véritable défi à la pesanteur. Cela étant, les accidents restent étonnament rares.
Ce 18 avril, toute la famille reprend le travail. Les enfants entament leur dernière période scolaire : l'année se termine le 9 juin. Ils suivent maintenant tous les cours avec leurs camarades, même si en littérature Samuel est avec les 6èmes pour lui faciliter la compréhension des textes. Ils écrivent et lisent aussi facilement en anglais qu'en français : de ce point de vue, notre séjour en Sierra Leone aura été une réussite complète.
Grosses bises à tous et à la prochaine !

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

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