Une famille autour du monde
 

VOYAGES AU LONG COURS

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Le 26 août 2003, de Brasilia (Brésil)
 

Bonjour tout le monde

LA CARTE

Le nom complet de Santa Cruz, en Bolivie, est Santa Cruz de la Sierra (de la montagne). Pour nous, comme dit Rémi, cela aura plutôt été Santa Cruz de la Mierda et je pense qu'il n'est pas nécessaire de traduire... Tout a commencé alors que, garés dans une rue quasiment déserte, nous étions paisiblement en train de manger dans le fourgon. Tout à coup, choc à l'arrière. Dehors, une voix qui s'exclame : " Puta ! Mierda ! " (toujours pas besoin de traduire). Evidemment, Rémi se précipite dehors, et moi aussi. Au premier coup d'oeil, rien. Personne. Pas de dégâts. Mais sur le côté du fourgon il y a un gars avec son vélo. Et par terre des morceaux de plastique : ils proviennent de la vitre arrière. Celle-ci était en effet en double vitrage plastique fumé pour une meilleure isolation.
Rémi et la vitre arrière cassée Le jeune sur son vélo s'était fait serrer sur le côté par une voiture. Impossible de freiner assez fort pour éviter le fourgon. Il a donc fini la tête dans la vitre arrière. Pas de mal pour lui, mais pour nous le début des ennuis. Bon, il a quand même reconnu nous être rentré dedans et a accepté de nous dédommager. Nous l'avons donc rejoint sur son lieu de travail (il est vigile) et là, Rémi a négocié avec son supérieur. Ils sont tombés d'accord sur le remplacement de la vitre par une feuille de plexiglas. Mais il fallait trouver l'atelier capable de faire ça. Alors pendant que l'autre allait prospecter, nous avons attendu, garés devant l'entreprise.
Tout à coup, un bruit de verre cassé : un chauffeur de bus qui ne maîtrise manifestement pas bien son gabarit vient de nous arracher le rétroviseur gauche en s'arrêtant. Rémi s'approche et lui montre les dégâts. Celui-ci nie catégoriquement être responsable ! Mais deux policiers passent à ce moment-là. Rémi les appelle et leur explique. Le chauffeur propose alors de nous donner 20 Bs (2,50 €) pour racheter un verre. Mais après l'histoire de la vitre arrière, nous n'avons pas encore envie de chercher dans toute la ville ! Il nous amènera donc lui-même un nouveau verre le lendemain matin.
- Tu y crois, toi ?
Le doute est permis. Pourquoi reviendrait-il ? Les policiers ont bien confisqué sa carte d'identité, mais il l'a récupérée une heure plus tard, après leur avoir glissé 20 Bs... Enfin, nous avons rendez-vous avec lui à 10 h le lendemain. L'après-midi, à 14 h, ce sera pour la vitre arrière.
Le lendemain commence bien : le chauffeur de bus est là à l'heure dite, avec un nouveau verre pour le rétroviseur. Il a même amené de la colle pour le mettre en place ! L'après-midi, les choses se gâtent un peu : l'atelier choisi par le superviseur de notre cycliste n'a pas de plexiglas en stock, il faudra revenir le lendemain matin. Nous voilà donc une troisième nuit dans les rues de Santa Cruz... Cette fois, nous nous sommes installés dans un quartier calme, pas très loin d'une clinique privée.
Peu avant minuit, des coups résonnent sur la carrosserie : "Police ! Ouvrez !". Deux hommes effectivement habillés en policiers, mais l'air passablement énervé, nous demandent de sortir du fourgon. Après avoir parlementé un moment, Rémi se décide à ouvrir la porte latérale et à se montrer. Aussitôt, l'un d'eux essaie d'ouvrir la porte à fond. Rémi la referme alors, si violemment que la poignée intérieure lui reste entre les doigts...
Mission jésuite de Concepción Dehors, les deux hommes répètent toujours la même chose : "c'est interdit de se garer là, vous devez partir", tout en tripotant leur matraque électrique, dont une décharge suffit à assommer un cheval sur le champ. Evidemment, ce n'est absolument pas interdit, mais devant leur insistance (et la matraque), nous décidons d'aller voir ailleurs s'il est possible de dormir tranquille... Las ! Rémi n'a que le temps de démarrer : l'un des policiers se place maintenant devant le fourgon et l'empêche de bouger. Nous commençons à nous sentir vraiment mal à l'aise quand l'habituelle voiture de renfort arrive. Ouf ! Notre nouvel interlocuteur est plus calme. Il nous explique que nous ne pouvons pas dormir là parce qu'il y a un malfaiteur dans la clinique. Tu parles ! En fait, c'est juste un médecin qui a pris peur en voyant une plaque d'immatriculation inconnue... Enfin, nous lui montrons nos passeports.
- C'est quoi, ça ?
Sur le passeport de Rémi, il y a une rature dans l'adresse. Rien de bien méchant (il y a le tampon de l'Ambassade de France dessus pour la valider), mais cela suffit pour nous rendre suspects... Nous voilà donc partis à l'autre bout de la ville, au commissariat principal, pour faire contrôler nos papiers par Interpol. Rien que ça ! En route, les policiers s'arrêtent pour faire la leçon à deux hommes qui leur ont fait une queue de poisson, nous obligeant à freiner en urgence derrière. Et nous voilà arrêtés au milieu d'une voie rapide, encore bien empruntée ce vendredi soir... Enfin, Interpol ayant décrété que nous ne sommes pas dangereux, nous pouvons reprendre notre liberté. Il est 1 heure du matin. Reste à trouver un nouvel endroit pour dormir...
Le lendemain, réveillés par Elisa qui nous tombe dessus (ce n'était plus arrivé depuis des mois) nous nous rendons à l'atelier. Le propriétaire n'est pas là. Il arrivera une demi-heure plus tard, encore à moitié saoul de la veille. La patience de Rémi commence à toucher sa limite... Enfin, trois heures plus tard, le fourgon équipé d'une plaque de plexiglas blanc de 4 mm d'épaisseur en guise de vitre arrière, nous pouvons quitter la ville avant qu'une nouvelle catastrophe ne nous tombe dessus.
Continuant vers l'est, nous atteignons la région des missions jésuites. Mises en place par l'Ordre d'Ignace de Loyola au 17ème et tout début du 18ème Siècle, elles ont périclité après l'expulsion des Jésuites d'Amérique du Sud en 1767. Mais en Bolivie, plusieurs d'entre elles ont survécu. Elles sont superbes.
Après, c'est la dernière ligne droite : la piste jusqu'à San Matías, à la frontière brésilienne. Sur les 200 derniers kilomètres, les contrôles militaires se succèdent mais ne posent pas de problème particulier. On se contente de nous y enregistrer.
Jabiru du Pantanal A San Matías, il faut faire les formalités de sortie de Bolivie. Mais à la frontière même il n'y a personne. Alors c'est dans le village qu'il faut aller chercher les bureaux : immigration et douane. Après un dernier contrôle militaire, nous arrivons enfin au Brésil et retrouvons le goudron. De ce côté-ci aussi il n'y a aucun bureau. Juste un contrôle sanitaire pour vérifier que nous sommes bien vaccinés contre la fièvre jaune. Pour faire tamponner les passeports, il faut d'abord rejoindre Cáceres, à une centaine de kilomètres, et chercher la Policia Federal. Ensuite, faire les papiers d'importation du véhicule à la Receita Federal. Mais pour cela il faudra attendre : ce n'est ouvert que le matin.
Nos premiers échanges en portugais sont laborieux. L'espagnol nous est devenu tellement évident qu'il est difficile de passer à une langue aussi proche et pourtant différente. Quant à la façon de parler brésilienne, elle s'avère assez éloignée de ce dont nous avions eu l'habitude en Angola... Néanmoins, nous ne nous faisons pas trop de souci : l'adaptation se fera bien.
La chaleur nous déconcerte également. Il faut dire qu'en l'espace de deux semaines nous sommes passés de la neige (avec -7°C la nuit) à 32°C à l'intérieur du fourgon au coucher du soleil. Le choc est rude ! Nous ne cuisinons plus à l'intérieur. Le simple fait de préparer du café fait déjà monter la température de plusieurs degrés. Les duvets sont relégués au fond des coffres, avec les pyjamas en polaire et les sous-vêtements chauds. Quant au ventilateur du lanterneau, il prend désormais du service pendant toute la nuit. Et le soir, avant de se coucher, il est indispensable de se rincer de la sueur de la journée.
Petit à petit, nos horaires se décalent. Pour tenir compte de la chaleur (lorsque le thermomètre indique déjà 40°C à 8h30, il vaut mieux se lever tôt), mais aussi car nous n'arrêtons pas de nous déplacer vers l'est. Il fait donc nuit de plus en plus tôt. Le matin, Samuel m'accuse maintenant de faire la grasse matinée si je ne suis pas levée à 6h30 !
Caïmans du Pantanal Nous entamons notre découverte du Brésil par le Pantanal, une zone de basses terres très humides où la vie animale est particulièrement florissante. Une seule route (ou plutôt piste) s'enfonce à l'intérieur, sur 150 km. C'est un cul-de-sac, mais c'est aussi l'occasion d'admirer de nombreux animaux. Notamment des oiseaux : on n'en dénombre pas moins de 650 espèces différentes, comprenant toutes sortes d'échassiers, de martins-pêcheurs, de rapaces, des perroquets et des toucans. Il y a aussi des "jacarés" (caïmans) en grand nombre. Des biches, des cabiais (ou capybaras : sorte de cochon d'inde géant, de la taille d'un petit sanglier et très à l'aise dans l'eau), des opossums, de gros lézards, des singes, des iguanes... Sans oublier les anacondas jaunes, dont un spécimen de 2 m de long a traversé la piste juste devant nous (à l'arrêt), pour le plus grand plaisir de Samuel.
La piste en elle-même ne pose pas de problème (en tout cas, en saison sèche) mais elle est constellée de ponts. On n'en compte pas moins de 126 sur le trajet. Tous (sauf deux) sont en bois et une bonne moitié est en très mauvais état. Or il n'est pas très rassurant de sentir un pont fléchir sous le poids du fourgon (ou de voir une planche se dresser soudain à angle droit contre le pare-chocs) lorsque les "jacarés" sont à l'affût juste en-dessous... Certes, les gens du coin n'hésitent pas à pêcher à quelques mètres d'eux, de l'eau jusqu'à la taille, mais ils les connaissent... et ont la machette ou la hachette à portée de main, au cas où !
Autre désagrément : les moustiques. Pourtant, nous sommes à la saison où il y en a le moins... Mais les bougres nous mènent la vie dure dès que le soleil baisse à l'horizon. Les enfants se font dévorer. Samuel ne supporte plus de voir un insecte à côté de lui. Il faut dire qu'il joue de malchance : il s'est fait piquer deux fois par une guêpe en trois jours.
Au bout des 150 km de piste, il n'y a rien. Rien qu'un hôtel de luxe en pleine forêt, avec piste d'atterrissage pour les clients qui viennent en avion. La piste s'arrête net au bord d'un fleuve. Il n'y a plus qu'à faire demi-tour.
Nous ramenons du Pantanal des dizaines (pour ne pas dire des centaines) d'images : photos numériques et diapos. Plus un quart d'heure de vidéo. Mais nous en ramenons aussi un démarreur en mauvais état. Il a manifestement mal supporté les innombrables tours de clé... A Cuiaba, notre première grande ville (près de 500.000 habitants) Rémi va le démonter. Tout a l'air de fonctionner normalement. Il le remonte, essaie de démarrer plusieurs fois de suite : impeccable. Mais le lendemain, les problèmes recommencent : le démarreur n'entraîne pas le moteur. Finalement, il s'avère qu'une pièce est à changer. Seulement, elle est introuvable. Heureusement, une réparation de fortune nous permet de démarrer de nouveau presque normalement.
Le VW sur un pont de bois Cuiaba est la capitale de l'état du Mato Grosso, qui occupe à lui seul une surface grande comme presque deux fois la France. Pourtant, sur la carte du Brésil, il est minuscule. Et sur le meilleur recueil de cartes routières que nous ayons trouvé, il n'occupe qu'une page format A4. Il faut dire que les routes ne sont pas si nombreuses. Pourtant, le Brésil compte plus de 1.500.000 km de route, dont 10 % à peine sont goudronnés. Mais le goudron est souvent constellé de trous. Par ailleurs, de nombreuses pistes sont inutilisables pendant la saison des pluies. Et celle-ci s'étale par endroits de juillet à mars ! Ensuite, il y a les routes fortement déconseillées car présentant un taux important d'attaque de véhicules. Enfin, en Amazonie, les deux seules routes construites sont devenues inutilisables à cause de ponts qui sont tombés en miettes. Le transport par bateau est donc inévitable. Sur la carte, on a l'impression de pouvoir aller partout. Mais en y regardant de plus près, très peu d'itinéraires sont envisageables, en tout cas vers le nord.
Pour dormir, nous avons adopté les stations-services. Ce sont de véritables campings pour camions, plutôt bien organisés. L'équipement varie, mais la douche est toujours disponible et après une journée passée à rouler, tout le monde l'apprécie. Parfois, il y a carrément des emplacements avec un toit suffisamment grand pour mettre la cabine du camion à l'ombre, un barbecue et un endroit pour laver le linge. Tout cela gratuit. Pourquoi se priver ? Tout est conçu pour que les routiers ne s'arrêtent que là : il y a le garage pour faire l'entretien du camion, le restaurant, le coiffeur et toute une série de bureaux de transporteurs.
A l'image de Brasilia, de nombreuses petites villes ont été créées de toutes pièces au bord de la route. Celle-ci les traverse en effet de part en part, comme une voie rapide, sans possibilité de s'arrêter. Par contre, de chaque côté, une contre-allée permet d'entrer dans les différents quartiers. L'ensemble forme une tranchée large de cent mètres. Efficace mais surprenant, et pas forcément pratique lorsqu'on ne connaît pas !
En arrivant dans l'état voisin de Goias, nous avons retrouvé la piste, sur une centaine de kilomètres. Encore quelques ponts en bois et surtout beaucoup de tôle ondulée. Au passage, nous avons également changé d'heure. Il était temps : la nuit tombait à 17h30. Et puis à Goias, dans l'ancienne capitale de l'état, nous avons essayé de trouver un prêtre belge, ami du Padre Jose de Chiloé. Malheureusement, il était parti pour la Belgique quelques jours auparavant. Mais nous avons fait la connaissance de l'évêque (belge lui-aussi) et de son neveu. Celui-ci travaille avec sa femme pour les sans-terre. Ils sont là depuis trois ans et ont eu un petit garçon... brésilien, bien sûr !
Anaconda jaune du Pantanal Goias est une très ancienne ville. Elle a été fondée en 1725 et regorge de petites rues et de maisons coloniales. Ses pavés sont une horreur (ce sont de grosse pierres qui sont rarement de niveau) mais elle a un charme certain. Nous avons beaucoup aimé flâner dans les vieux quartiers. C'est aussi là que nous avons fêté mon anniversaire...
Enfin, une journée de route (350 km, tout de même ! Pour nous, c'est rare...) nous a amenés dans les faubourgs de Brasilia (voir notre Arrêt sur image : Brasilia, la capitale sortie de nulle part). La pluie nous a accompagnés une partie du trajet et comme nous sommes aussi montés en altitude (Brasilia est à plus de 1.000 m) il fait beaucoup plus frais. Cela fait du bien ! Nous allons vraisemblablement passer quelques jours ici avant de continuer notre route vers le nord-est.
Grosses bises à tous et à la prochaine.

Rémi - Flo - Samuel - Elisa

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