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Circa mortem - Extraits

ELLE

   « Où suis-je ? »
   Émergeant du sommeil, il se sentait comme groggy. Allongé dans l'obscurité, le corps lourd et l'esprit embrumé, il avait du mal à reprendre pied dans la réalité.
   « Quel jour sommes-nous ? »
   La question le taraudait, maintenant. Sans comprendre pourquoi c'était si important, tout à coup, il ressentait la nécessité impérieuse de savoir. Quel jour de la semaine pouvait bien démarrer dans d'aussi étranges circonstances ?
   En même temps qu'un poids (terriblement lourd) sur la poitrine, il ressentait un vide dans ses entrailles. Plus qu'un vide, un gouffre. Un manque. Une sensation déroutante.
   « Elle est morte ! »
   La phrase, telle un météore, venait de traverser son cerveau. Tout à coup, l'évidence était là. Le vide semblait le grignoter de l'intérieur. Bientôt, il n'existerait même plus.
   Jetant ses dernières forces dans la bataille, il écarta la couette, s'assit sur le bord du lit et posa ses pieds par terre. Le sol était froid. Glacé, même. Avec une sorte de masochisme tremblant, il se délecta de cette sensation. Le froid irradiait ses jambes. Engourdissait ses orteils. Doucement, il se mit à trembler. Un éclat de rire muet le secoua avec force. Puis ce furent de longs sanglots secs...
   Crispant les mains sur ses genoux, il s'employa à ralentir sa respiration. La placer au fond de son ventre, comme elle le lui avait appris. Alors, peu à peu, le vide sembla rétrécir.
   Lorsqu'enfin, il se leva, ce n'était plus qu'un point vaguement douloureux, caché quelque part au fond de lui-même.

À suivre...


MARIE

   Marie se met à pouffer, toute seule dans sa salle de bains : elle va retrouver son amie Élise au restaurant chinois, or elle n'a jamais su manger avec des baguettes !
   Élise, par contre, est une vraie pro. Mais ça a toujours été comme ça entre elles. Elles sont tellement différentes que quelle que soit la situation, il y en a toujours une qui maîtrise... et l'autre qui est complètement dépassée par les événements. Qu'est-ce que ça a pu les faire rire, d'ailleurs !
   Un dernier regard dans le miroir pour s'assurer que tout va bien et Marie rejoint le salon. Enfile son manteau, attrape son sac à main et ses clés, et se dirige vers la porte. L'ascenseur est déjà sur le palier ; elle n'aura même pas à l'attendre. C'est le genre de petit détail qui lui donne le sourire.
   Marie est comme ça : naturellement, indéfectiblement, positive. Les petits bonheurs de la vie lui sautent aux yeux et l'illuminent. Parfois, dans la rue, elle rit toute seule. On la dévisage comme si elle n'avait plus toute sa tête, mais elle s'en moque. Sa philosophie est simple : le bonheur, ça se cultive. Comme une plante verte, il a besoin de soins. D'eau, de lumière, de chaleur et d'attention. Si on le nourrit comme il faut, il devient grand et solide. Il suffit d'y mettre suffisamment d'énergie.
   Le bus la dépose à quelques pas du restaurant, le « Palais de jade ». Pas très original, comme nom, pour un restaurant chinois, se dit-elle. De nouveau, un sourire affleure à ses lèvres. Un rien moqueur, celui-là.
   Élise est déjà là. Installée au fond de la salle, face à la porte d'entrée, elle fait de grands gestes de la main dès que Marie apparaît. Celle-ci lui répond d'un signe de tête et se faufile jusqu'&arave; elle.
   « Comment vas-tu, ma grande ? interroge Élise après lui avoir fait claquer deux bises sonores sur les joues. Tu as l'air en pleine forme !
   – Ça va, oui. Physiquement, en tout cas. »    Élise fronce les sourcils.
   « Physiquement ? Parce que sinon, ça ne va pas ?
   – Oh, rien de grave. C'est Pierrot qui m'agace... »
   Pierrot, le fils de Marie. Depuis le divorce de ses parents, une bonne quarantaine d'années plus tôt, il s'est mis dans la tête qu'il devait prendre soin de sa mère. Au point de devenir parfois franchement envahissant.
   Maintenant qu'elle commence à avoir des problèmes de mémoire, c'est encore pire. Il s'inquiète pour un rien. Empiète sur sa vie privée. Fait irruption dans son appartement au moment où elle s'y attend le moins...
   « Il exagère ! s'emporte Élise. Tu es sa mère, pas sa fille. »    Marie évacue le sujet d'un haussement d'épaules.
   « On ne va quand même pas le laisser gâcher notre soirée, non ? »

À suivre...